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Aux 40 ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme : « On n’a pas terminé la lutte »

Au palais du Pharo, à Marseille, le 15 octobre 2023.

Le vent s’est levé, au petit matin. Comme pour rafraîchir les mémoires. Etait-ce nécessaire ? Car ici, personne n’a oublié leur service rendu à la nation. Dimanche 15 octobre, au palais du Pharo, à Marseille, près de 300 personnes de tous les quartiers sont venues embrasser, entourer et dire merci à ces « anonymes engagés ». Et célébrer leur événement, la Marche pour l’égalité et contre le racisme.

Il y a quarante ans jour pour jour, le 15 octobre 1983, huit enfants des Minguettes – cité de Vénissieux méprisée près de Lyon –, un prêtre, un pasteur et des militants (dix-sept au total) étaient partis de Marseille pour rejoindre la capitale à pied. Plus de 1 200 kilomètres pour dénoncer les violences policières, la haine de l’autre, et dire à tous ceux qu’ils avaient croisés : « On ne demande pas la lune, on demande de vivre, c’est tout ! » Message entendu : le 3 décembre, ces marcheurs avaient été accueillis par 100 000 personnes à Paris, puis à l’Elysée par François Mitterrand.

Quarante ans plus tard, les souvenirs de cette épopée brûlent encore en eux. Lors de cette journée de commémoration de la Marche, ils sont tous là ou presque : des initiateurs (Djamel Atallah ou le père Christian Delorme) aux compagnons de route. « Il y a tout qui remonte », souffle l’une d’eux, Hanifa Taguelmint, 61 ans.

« Créer une société plus juste »

Place au discours de Benoît Payan. Le maire de Marseille (divers gauche) évoque « la marche des opprimés » et, avec solennité, ajoute : « Alors, aujourd’hui, je veux le dire : la République ne peut pas, ne peut plus, ne doit plus laisser prospérer en son sein le terreau fertile du racisme, de l’antisémitisme, de la haine des musulmans, des discriminations. » Il termine en annonçant que Marseille aura « une avenue de la Marche pour l’égalité et contre le racisme ».

Applaudissements. « C’est une avenue, pas une impasse », sourit le père Delorme, 73 ans, qui ne s’attendait pas à un discours aussi engageant. Et devant l’assemblée, il lance qu’il aurait voulu que le président de la République parle ainsi. La mort de Nahel M., tué par un policier fin juin, et surtout les violences extrêmes au Proche-Orient tourmentent les esprits. Il faut, selon M. Delorme, « lutter contre tous les racismes », pour « créer une société plus juste et donc de paix ». Lui comme d’autres pensent que la Marche peut être le « repère » à suivre dans un pays qui risque de se fracturer davantage.

Si leur action a certes permis d’ouvrir des portes, les marcheurs soulignent que les discriminations n’ont pas disparu. « On est désolés, on n’a pas terminé la lutte », lance Hanifa Taguelmint, qui demande aux jeunes de continuer le combat civique et politique.

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