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Assurance-vie : l’année de tous les dangers

Les assureurs s’affairent ! Après l’ère des taux d’intérêt négatifs, c’est l’heure du retour du rendement. Ce revirement de contexte économique chamboule tout et conduit à un changement de narratif qui peut être assez déconcertant pour les épargnants. En effet, après avoir mis le fonds en euros en sourdine pendant plusieurs années, les compagnies d’assurances ouvrent de nouveau grand les vannes de ce support au capital garanti.

Pour comprendre le revirement de situation, il faut savoir que ces fameux fonds en euros de l’assurance-vie sont investis à 80 % environ en obligations et que ces titres cotés sont très sensibles à la variation des taux. Lorsque la rémunération exigée par le marché augmente, les obligations peu rentables voient leur valeur se déprécier.

Or les assureurs ont dû investir ces dernières années à des niveaux de taux très faibles dans des titres qui se sont, depuis, dévalorisés. « On peut estimer que les assureurs sont en moins-value latente d’environ 12 % sur leur poche obligataire », estime Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du site spécialisé Good Value for Money. En clair : s’ils doivent vendre des titres avant leur échéance, ils perdent de l’argent.

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A l’inverse, ils peuvent désormais investir dans des titres bien mieux rémunérés, ce qui contribuera à améliorer le rendement du fonds en euros. « La remontée des taux d’intérêt est une bonne nouvelle pour les épargnants comme pour les assureurs », souligne Franck Le Vallois, directeur général de la fédération France Assureurs.

L’objectif est clair : limiter les sorties d’épargne et attirer des capitaux. Il sera néanmoins difficile à atteindre. En effet, depuis le début de l’année, les épargnants boudent le fonds en euros : les versements sont inférieurs aux sorties d’argent. La décollecte se montait ainsi à 20,3 milliards d’euros à fin août, selon France Assureurs. Et ce montant est amené à croître : dans ses Cahiers de l’épargne, la société d’étude et de conseil Pair Conseil anticipe une décollecte nette de 29 milliards d’euros en 2023. Car non seulement les Français limitent leurs versements, mais les retraits augmentent aussi. « Les épargnants retirent des capitaux pour financer des opérations immobilières dans un cadre où le crédit est plus difficile à obtenir et plus coûteux », souligne Cyril Blesson, associé de Pair Conseil.

La décollecte reste néanmoins absorbable par la profession, assure M. Le Vallois. Il chiffre à environ 100 milliards d’euros le montant annuel qu’apportent aux assureurs les obligations actuellement en portefeuille, à la fois lors de leur remboursement, quand elles arrivent à échéance, et en « coupons », c’est-à-dire en versement d’intérêts. « Ce qui est plus que suffisant pour faire face aux rachats actuels », dit-il.

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