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Un navire avec des ailes pour transporter Ariane-6 sur l’océan

Prêter des ailes à une fusée ? C’est la mission de Canopée, un bateau conçu pour transporter des pièces d’Ariane-6 de la métropole jusqu’à son site de lancement à Kourou (Guyane). Le navire, premier cargo industriel hybride propulsé par le vent, a été baptisé le 5 octobre à Bordeaux. Le bâtiment est doté de quatre structures véliques, destinées à réduire de l’ordre de 30 % la consommation de carburant. L’idée est issue d’un appel d’offres lancé en 2018 par ArianeGroup remporté par une coentreprise, associant Zéphyr et Borée, pionnière du transport moderne de fret à la voile, et l’armateur Jifmar Offshore, baptisée Alizés. Celle-ci a fait appel au savoir-faire de Marc Van Peteghem (cabinet VPLP Design). L’architecte naval s’est inspiré des voiles qu’il avait conçues pour le trimaran BMW Oracle Racing, vainqueur de la Coupe de l’America en 2010 : semi-rigides, les ailes construites par la start-up Ayro disposent d’un volet arrière mobile qui permet de modifier la cambrure pour augmenter encore la portance – comme les ailes d’un avion.

« Les premiers essais en mer montrent que les résultats vont au-delà des simulations », se réjouit Emmanuel Schalit, PDG d’Ayro, dont le président du conseil d’administration est Marc Van Peteghem. Il estime que, dans certaines conditions de vent et de navigation, les économies de carburant pourraient dépasser les 50 %. « On peut même imaginer qu’à l’approche des grands ports, où l’attente pour déchargement est parfois de plusieurs jours, les ailes assurent à petite vitesse l’ensemble de la propulsion », avance-t-il.

Le retour de la marine à voile est une sorte de serpent de mer, mais les contraintes environnementales associées à la hausse du prix des hydrocarbures pourraient cette fois lui donner sa chance. Le transport maritime, qui convoie 90 % des biens consommés dans le monde, compte pour plus de 3 % des émissions de gaz à effet de serre.

« Décarboner cinquante mille navires »

Il y a plus de quinze ans, la société allemande SkySails tentait déjà de faire décoller sa solution de propulsion marine à base de cerf-volant géant. Elle s’est depuis recentrée sur la production d’électricité, à terre, en faisant faire le yoyo à ses ailes de kitesurf. Le navigateur Yves Parlier rêve depuis une décennie de révolutionner le transport maritime, lui aussi avec des voiles de traction. Sa start-up Beyond the Sea espère séduire plaisanciers et armateurs de la marine marchande. De nombreux acteurs explorent ces pistes véliques, tel Michelin avec son aile gonflable et rétractable Wisamo, testée par le skippeur Michel Desjoyaux. Impossible de citer toutes les initiatives en cours, avec une multiplicité d’options techniques.

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