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L’inflation entrave aussi le marché de la chaussure

Devant un magasin Minelli, à Caen, le 8 janvier 2020.

Huit mois après le licenciement des 680 salariés de San Marina, les 550 employés de Minelli se rongent les sangs. L’enseigne de chaussures, détenue par Laurent Portella et Stéphane Collaert, a été placée en redressement judiciaire, le 28 septembre, par le tribunal de commerce de Marseille. Les deux actionnaires ont aussi été associés au sein de l’enseigne San Marina, qui a été liquidée et définitivement fermée en février. Messieurs Portella et Collaert jettent à nouveau l’éponge : ils ne présenteront pas de plan de continuation pour Minelli, entreprise reprise en 2021 à Vivarte, dont le chiffre d’affaires a atteint 75 millions d’euros sur son dernier exercice, contre 113 millions en 2019. Les juges du tribunal de commerce de Marseille ont donc ouvert un plan de reprise. Les candidats doivent présenter leur offre d’ici au 8 novembre. Mais une reprise globale de Minelli et de ses 102 boutiques est très incertaine. L’état du marché rebute.

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Les ventes de chaussures ont atteint 8,9 milliards d’euros en 2022 dans l’Hexagone. « Sur les huit premiers mois de 2023, elles ont progressé de 1 %. Mais en tenant compte des 3 % d’inflation, dans le secteur, l’évolution est négative », précise Dorval Ligonnière, directeur des études de la Fédération des enseignes de la chaussure (FEC). L’activité du mois de septembre a été très médiocre : − 9 % chez les chausseurs, d’après la fédération du commerce spécialisé, Procos. La météo estivale qui dissuade les Français d’acheter des bottes n’est pas seule en cause. Les tendances du marché sont « mal orientées », selon la FEC.

Car l’inflation ruine le pouvoir d’achat des Français depuis 2022 et les contraint à renoncer à l’achat de nouvelles paires. Même Nike et Adidas sont concernées. Jusqu’alors florissant, le marché français des baskets, estimé à 4,5 milliards d’euros, s’essouffle. Les volumes de ventes sont stables, à 83 millions de paires écoulées en un an, à fin juin, d’après l’institut d’étude de marché Circana. « Il faut y voir un impact de l’inflation : le marché des sneakers se contracte, après une croissance de 30 % sur cinq ans », souligne Hélène Janicaud, directrice des études mode chez Kantar Worldpanel.

« Plus de chausseurs en centre-ville »

Mais, même si les ventes de baskets ralentissent, ces vents mauvais emportent d’abord les spécialistes de la chaussure de ville. Peu après San Marina, André a quasiment disparu. En mai 2023, à la suite de son deuxième redressement judiciaire en trois ans, le belge Optakare a repris 21 de ses 49 boutiques. « Il n’y aura bientôt plus de chausseurs en centre-ville et dans les centres commerciaux », analyse Boris Saragaglia. Le fondateur du site de vente en ligne Spartoo a, lui-même, échoué à relancer André, en dépit des 17,3 millions d’euros que Vivarte lui avait accordés lors de sa cession en 2018.

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