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« L’Europe spatiale doit lancer son aggiornamento avant qu’il ne soit trop tard »

L’industrie spatiale européenne est à un moment charnière de son histoire. Le secteur traverse une crise des lanceurs marquée par les reports successifs d’Ariane-6, tandis que Vega-C est clouée au sol. Ces difficultés se doublent de profondes dissensions entre les Etats européens sur la stratégie à mener. Le sommet européen de l’espace de Séville, les 6 et 7 novembre, constitue un rendez-vous crucial pour l’avenir technologique du continent.

Les Européens doivent saisir cette occasion pour revoir de fond en comble l’organisation de la filière, tout en se fixant des objectifs ambitieux et inspirants. A défaut, ils prennent le risque de se retrouver du mauvais côté du télescope en se condamnant à rester spectateurs d’une course à l’espace qui ne fait que commencer.

Les retards de calendrier et les problèmes techniques que connaissent les lanceurs européens ne sont que la partie émergée du problème. Derrière ces ratés transitoires se cache un mal plus profond, dont la concurrence américaine de SpaceX sert de révélateur.

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Taille et capacité de réutilisation du lanceur, économies d’échelle grâce à la multiplication des lancements : tous les leviers qui permettent d’abaisser les coûts de transport pour les clients sont en faveur de la société d’Elon Musk. A cela s’ajoute une efficacité redoutable de SpaceX en termes de rapidité de prise de décision et d’adaptabilité aux aléas grâce à une plus grande digitalisation.

L’Europe, elle, s’est enferrée avec la règle « du retour géographique ». La pratique prévoit que chaque pays contributeur au budget de l’Agence spatiale européenne (ESA) récupère sous forme de contrats attribués à son industrie un montant équivalent à sa contribution, même si elle n’est pas la plus performante dans son domaine. La lourdeur et l’inefficacité du modèle sont devenues des boulets à l’heure du new space.

« Introduire de la compétition »

« Le problème pour l’Europe n’est pas qu’une question de moyens financiers : SpaceX est dix fois plus efficace sur chaque euro investi et la seule façon de relancer l’efficacité, c’est d’introduire de la compétition », affirme Cédric O, ancien secrétaire d’Etat français chargé du numérique et coauteur de « Revolution Space », un rapport rédigé par douze experts, présenté en mars à l’ESA.

Compétition. Pendant longtemps, le mot est resté tabou jusqu’à ce que l’Allemagne veuille s’affranchir d’un modèle jugé trop coûteux et soupçonné de surtout servir les intérêts français. Historiquement, la dissuasion nucléaire hexagonale s’est appuyée sur la technologie développée dans les lanceurs. La patience des Allemands a été définitivement poussée à bout il y a un an, lorsque le patron d’ArianeGroup de l’époque avait promis, les yeux dans les yeux, au chancelier Olaf Scholz que le premier tir d’Ariane-6 aurait lieu en 2023, alors que tous les protagonistes savaient que le pari était impossible. Depuis, la défiance est à son comble et pour Berlin, désormais, le monopole d’Ariane, c’est : « nein, danke ».

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