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« Les Américains ont d’autres priorités que le combat climatique, et le candidat Biden le sait »

Le président américain Joe Biden défendant son programme « Bidenomics », à Philadelphie, le 13 octobre 2023.

Paradoxale Amérique, dépendante de l’or noir et engagée dans la transition verte, eldorado des Big Oil et paradis des subventions à l’environnement. A quelques jours d’intervalle, ExxonMobil a annoncé le rachat d’un poids lourd du gaz et du pétrole de schiste pour près de 60 milliards de dollars (56 milliards d’euros), tandis que le président des Etats-Unis, Joe Biden, promettait 7 milliards de dollars de crédits fédéraux en faveur de l’hydrogène.

Déjà en campagne pour la présidentielle de novembre 2024, M. Biden a dévoilé, vendredi 13 octobre, les sept régions qui abriteront des « pôles d’hydrogène » et produiront un tiers des volumes attendus en 2030. « C’est un des investissements manufacturiers de pointe les plus importants de l’histoire de ce pays », a-t-il déclaré, en répétant son mantra : « Quand je pense climat, je pense emplois, emplois bien payés, emplois syndiqués. » Des localisations souvent politiques : le Michigan, la Virginie-Occidentale, qui vit du charbon et partagera le projet avec la Pennsylvanie et l’Ohio, le Texas… Autant d’Etats-clés lors du scrutin de 2020.

La manne fédérale bénéficiera aussi, pour 1,2 milliard de dollars, à des sociétés comme ExxonMobil et Chevron, impliquées dans le pôle prévu sur les côtes du golfe du Mexique. Elles mettront bien aussi quelques milliards pour décarboner leurs raffineries. Ont-elles pour autant besoin d’aides publiques, alors qu’elles ont affiché en 2022 des profits historiques : 55,7 milliards de dollars pour la première et 36,5 milliards de dollars pour la seconde, en partie reversés à leurs actionnaires ?

Produire plus et à moindre coût

ExxonMobil vient de renforcer sa position dans le pétrole et le gaz de schiste, extraits par la technologie controversée de la fracturation hydraulique de la roche, avec l’acquisition à grands frais de Pioneer Natural Resources. En rapprochant les centaines de milliers d’acres exploités par les deux compagnies entre le Texas et le Nouveau-Mexique, le géant d’Irving produira toujours plus et à moindre coût, s’est félicité son PDG, Darren Woods. Sans trop se soucier de la planète.

Incendies, sécheresses et ouragans toujours plus dévastateurs n’y font rien, les Américains ont d’autres priorités que le combat climatique. Le candidat Biden le sait. Depuis le début de son mandat, il presse les compagnies américaines de moins redistribuer leurs superprofits aux actionnaires et d’investir davantage dans la production pour faire baisser les cours du baril et le prix du gallon à la pompe. Ils risquent de rester élevés en raison des guerres en Ukraine et à Gaza. A l’approche du scrutin du 5 novembre 2024, il va réitérer sa demande. Développer l’hydrogène vert (ou bleu) n’interdit pas de produire plus d’or noir.

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