Close

Football : « Le corps des joueurs est la corde sur laquelle on tire pour augmenter les revenus »

Aurélien Tchouaméni après le match de qualification pour l’Euro 2024 remporté par la France contre les Pays-Bas, à la Johan Cruijff Arena d’Amsterdam, le 13 octobre 2023.

En nombre de buts, la France a dominé les Pays-Bas (2-1), vendredi 13 octobre, à Amsterdam. Mais pas en nombre d’absences pour blessure : cinq dans les rangs des Bleus, dix chez les Oranje. Interrogé, la veille de la rencontre, sur les cadences auxquelles les footballeurs sont soumis, l’international Aurélien Tchouaméni a été explicite : « Evidemment qu’on joue trop de matchs. (…) Des saisons à soixante-dix ou quatre-vingts matchs, pour un joueur, c’est impossible ! »

Son adversaire Virgil van Dijk l’a rejoint : « Il faut trouver une solution. (…) Il est vrai que nous sommes bien payés, mais cela ne devrait pas affecter notre santé. » Ce discours est de plus en plus émis par les joueurs, ces dernières années, malgré la certitude d’être renvoyé à l’injonction : « Prends l’argent et tais-toi. »

Comme lors de la publication en mai 2022 d’une étude alarmante de la FIFPro, leur syndicat international, on n’a pas manqué de leur reprocher l’indignité de cette inquiétude pour leur santé : ils devaient faire don de leur corps au spectacle, en gladiateurs. « Vous voulez moins de matchs ? Eh bien vous allez toucher moins d’argent », a sermonné Jérôme Rothen, dans son émission sur RMC, « Rothen s’enflamme ».

« Le très haut niveau, c’est une machine à laver »

S’il s’enflamme en effet, l’ancien milieu de terrain a raison de souligner le lien entre la rémunération des joueurs et le nombre de matchs qu’ils disputent. Les mieux lotis – les internationaux évoluant dans les meilleurs clubs – sont les plus sollicités, y compris par leurs sponsors. Beaucoup d’autres ne dépassent pas quarante apparitions par saison.

Jérôme Rothen divague plus nettement quand il prétend que « l’accumulation des matchs est la même qu’il y a vingt ou trente ans » et qu’ils « durent encore quatre-vingt-dix minutes ». La hausse considérable de l’intensité athlétique du football durant cette période lui a échappé, de même que le nouveau calcul du temps additionnel qui fait exploser le chronomètre.

En août, Raphaël Varane et Kevin De Bruyne ont déploré cette réforme qui tire sur les organismes au moment où ils sont les plus éprouvés. En annonçant sa retraite de l’équipe de France, en février, le premier avait déclaré : « Le très haut niveau, c’est une machine à laver, on joue tout le temps, on ne s’arrête jamais. (…) J’ai l’impression d’étouffer et que le joueur est en train de bouffer l’homme. »

Pas de quoi émouvoir notre animateur radiophonique qui, en ancien combattant, réprimande les jeunes : « Le rythme infernal, ça fait des années que ça dure, on y a goûté et on ne s’est jamais plaint. » On reconnaît le discours selon lequel, pour la gloire et l’argent, les sportifs devraient sacrifier leur santé.

Il vous reste 42.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top