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Effet Proteus : incarner un génie dans un univers virtuel stimule notre créativité

Dans un environnement de réalité virtuelle, un participant incarne Léonard de Vinci et esquisse un mouvement suggérant un usage alternatif d’une ombrelle.

Se déguiser en Léonard de Vinci suffirait à doper notre créativité… Une équipe comprenant notamment les chercheurs Anatole Lécuyer, de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique de Rennes, et Geoffrey Gorisse, de l’Institut Arts et Métiers de Laval, montre qu’incarner un archétype de génie créatif dans un environnement de réalité virtuelle décuple une partie des performances créatives de l’utilisateur. Leurs travaux sont rendus publics à l’Ismar, conférence internationale sur la réalité augmentée, qui se tient du 16 au 20 octobre à Sydney (Australie).

Les chercheurs ont évalué la créativité d’individus évoluant dans un environnement virtuel, selon deux axes : la « pensée convergente », ou la capacité à trouver une solution à un problème, et la « pensée divergente », qui est la capacité à générer des idées nombreuses et variées. Les participants du groupe témoin incarnaient des avatars à la physionomie proche de leur apparence réelle. Ceux du groupe test incarnaient Léonard de Vinci.

« Les participants qui incarnaient Léonard de Vinci ont généré en moyenne 40 % d’idées en plus, par rapport à ceux du groupe témoin !, s’exclame Geoffrey Gorisse. Une telle différence dans les performances de pensée divergente s’avère significative, sachant que les capacités créatives des deux groupes étaient similaires avant l’expérience. »

« Conditionnement individuel »

Ce phénomène porte un nom : l’effet Proteus. Découvert en 2007, il désigne « une tendance, de la part des utilisateurs de réalité virtuelle, à aligner leurs attitudes et leur comportement sur les stéréotypes associés à l’avatar qu’ils incarnent », explique David Beyea, spécialiste de communication médiatisée à l’université du Wisconsin, à Whitewater (Etats-Unis). « De manière inconsciente, l’individu convoque des schémas préexistants associés à l’avatar qu’il incarne, développe Kim Szolin, doctorant en cyber-psychologie à l’université de Nottingham Trent, au Royaume-Uni. Par exemple : si je suis grand, je devrais me comporter avec plus d’assurance… »

Cet effet a été observé pour des comportements extrêmement variés : un avatar d’infirmière induit un comportement plus clément que l’avatar d’un membre du Ku Klux Klan ; un avatar considéré comme séduisant favorise les comportements extravertis et amicaux ; un avatar musclé permet même de meilleures performances sportives (davantage de force déployée et moins de fatigabilité à l’effort)… « Ce n’est pas de la sorcellerie, avertit Geoffrey Gorisse. Les participants ne deviennent pas plus intelligents parce qu’ils incarnent Einstein, ni un monstre de créativité parce qu’ils sont plongés dans la peau de Léonard de Vinci. Mais c’est un conditionnement individuel qui leur permet de tendre vers leur plein potentiel, de mobiliser différemment leurs capacités intrinsèques. »

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