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Nos politiques ont-ils été mal aimés par leurs parents ?

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A l’occasion du vernissage de son exposition « Out of Mind », Pal Sarkozy pose, le 25 juin 2008, à Madrid, devant un de ses tableaux représentant un portrait de son fils, Nicolas Sarkozy, alors président de la République.

Un soir de la semaine, à la maison, mon compagnon et moi discutions de Jacques Delors – avouez que notre vie fait rêver. Nous parlions de ce jour de 1994 où, face à Anne Sinclair, devant tout le peuple de gauche qui l’attendait comme le messie, l’ancien président de la Commission européenne avait annoncé qu’il ne serait pas candidat à la présidence de la République. Le père de Martine Aubry ne se sentait pas de destin présidentiel. Peut-être n’était-il pas assez narcissique ?, s’est interrogé mon compagnon.

C’est à ce moment-là que j’ai repensé à un passage du livre récemment paru de Laelia Benoit, Infantisme (Seuil, 72 pages, 4,90 euros). Dans cet essai consacré à la relation adultes-enfants, la pédopsychiatre et chercheuse à l’université de Yale (Connecticut) avance l’hypothèse que ceux qui nous dirigent sont de grands carencés affectifs. « Avoir manqué d’amour dans son enfance est un moteur puissant pour tenter non seulement d’oublier l’enfant que l’on a été, mais aussi d’obtenir des positions de pouvoir à l’âge adulte », écrit-elle. En lisant cela, je me suis dit que c’était un peu facile d’envoyer en quelques phrases tous nos gouvernants sur le divan. Alors, je l’ai appelée. Elle m’a dit que dresser des profils psychologiques de professions spécifiques n’avait rien de rare, même si, bien entendu, on ne peut pas généraliser. Des études ont été menées sur le narcissisme des gens de pouvoir. Des présidents ont fait l’objet de livres de psychiatres (Trump on the Couch, de Justin A. Franck, Avery, 2018, non traduit).

« Chez beaucoup de dirigeants – je parle aussi bien des politiques que des chefs d’entreprise –, on retrouve une même combinaison dans leur enfance, dit Laelia Benoit. Beaucoup de biens matériels, une grande ambition de réussite de la part des parents, et une absence d’amour inconditionnel. » L’amour inconditionnel, c’est-à-dire : « Je t’aime juste parce que tu existes, tu n’as rien de spécial à faire. Tu n’as pas à répondre à mes besoins ni à me satisfaire. »

Bien sûr, il y a des jours où c’est plus facile que d’autres. Quand votre enfant de 2 ans détruit votre vase préféré d’un coup de ballon, il n’est pas toujours évident de l’aimer inconditionnellement. Ce n’est pas de cela que parle Laelia Benoit : « Ces dirigeants-là ne l’ont jamais connu, l’amour inconditionnel. Ils peuvent très bien avoir grandi dans des familles où tout le monde était très performant, où l’on faisait de grandes études, mais où, sur plusieurs générations, on n’avait pas su aimer les enfants pour ce qu’ils étaient. »

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