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L’enseigne Toujust ! en difficulté, sept mois après l’ouverture du premier magasin

Fabrice Gerber, PDG de Toutjust !, lors de l’inauguration du premier magasin, à Alès (Gard), le 1ᵉʳ mars 2023.

Le rêve de Fabrice Gerber de créer ex nihilo une enseigne de supermarchés dans lesquels les fournisseurs des rayons en seraient également actionnaires était-il trop grand ? Fort de sa vingtaine d’années passée dans la grande distribution (E.Leclerc, Système U, Aldi…), M. Gerber projetait d’ouvrir entre quarante et cinquante magasins Toujust ! d’ici à la fin 2023 et une cinquantaine tous les ans. Et d’offrir des prix « au minimum moins chers de 5 % que chez Lidl ou Aldi », grâce à la suppression des intermédiaires.

Le 1er mars, un premier magasin a ouvert à Alès (Gard). Mais, sept mois plus tard, Tazita Holding, la maison mère de Toujust !, a été placée à sa demande en redressement judiciaire, mercredi 4 octobre, par le tribunal de commerce de Créteil. Cela, d’après le PDG, afin d’isoler la holding et geler sa dette pour protéger la filiale de distribution (Tazita Direction nationale) qui gère les magasins, et celle où sont logés les fournisseurs (Tazita Coop Food). Afin, aussi, que le modèle qui, selon lui, « a eu du mal à l’allumage » puisse démontrer ses chances d’être un jour rentable.

Car son aventure a été semée d’embûches, avec des fournisseurs qui avaient affirmé être séduits par le projet mais qui n’ont jamais concrétisé leur engagement. « Des petites et moyennes entreprises ont signé le pacte d’associé mais n’ont toujours pas, à date, versé les fonds correspondants », raconte le fondateur. Sur 5 millions d’euros attendus, 1 million seulement est arrivé. « Les 4 millions, on les a sur le papier mais pas sur le compte en banque », déplore-t-il.

M. Gerber évoque également la défection d’un industriel, qui s’était selon lui engagé à investir 10 millions d’euros, apportant en garantie des documents de BNP Patribas qui se sont révélés être « tous des faux ». Il y a aussi des fournisseurs qui ne sont finalement pas devenus actionnaires, effrayés par les pressions exercées par les acteurs de la grande distribution les menaçant « de représailles », toujours selon M. Gerber.

Des clients déçus et des fournisseurs partis

Prenant sa part de responsabilité, le patron de Toujust ! admet avoir été « naïf en ayant cru que les fournisseurs voulaient sortir d’un modèle où la grande distribution classique leur met la corde au cou ». Même s’il a bien conscience de s’être « pris les pieds dans le tapis », en mettant en place une structure très coûteuse avec la maison mère.

Bilan : seulement cinq magasins ouverts sur les vingt nécessaires à l’équilibre du modèle initial, malgré des baux commerciaux déjà signés. Des clients déçus par des prix pas plus intéressants qu’ailleurs hormis quelques produits d’appel. Et des fournisseurs qui ont stoppé les livraisons après des défauts de paiement, obligeant le groupe à se retourner vers des circuits de distribution étrangers, loin du concept initial de vente de produits locaux. « Faute de fournisseurs dans le modèle, il nous manquait des produits frais, de crémerie, de yaourts et d’épicerie sucrée en magasin », reconnaît M. Gerber. Conséquence : des chiffres d’affaires atteignant entre 30 000 et 40 000 euros par semaine et par point de vente. Trop juste pour alimenter l’écosystème.

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