Close

Crise au « Dauphiné libéré », en difficulté financière

Nicolas Thery (à gauche), président de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, Philippe Carli (au centre), président du groupe de presse régionale Ebra, et Daniel Baal, directeur général de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, visitent la nouvelle rotative couteur du quotidien régional « L'Est Républicain », à Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 16 mai 2022.

L’ambiance a rarement été aussi pesante au sein des rédactions du quotidien régional Le Dauphiné libéré, qui appartient au Groupe Ebra. Frappés de plein fouet par la baisse des ventes en kiosques (entre – 8 % et – 9 % en un an à juin 2023), l’explosion des prix du papier et de l’énergie et par la crise du portage, les comptes du journal dauphinois ont plongé dans le rouge pour la première fois de son histoire.

De 3 à 4 millions d’euros de déficit sont prévus en 2023, selon la direction. « La poursuite des pertes du Dauphiné libéré n’est pas, et ne sera pas, une option », a prévenu fin septembre Christophe Victor, le directeur général.

Alors qu’un plan d’économies doit être annoncé à la fin novembre, les rédactions du titre ne décolèrent pas face à l’hypothèse de la fermeture des agences de Grenoble et de Voiron (Isère). La soixantaine de salariés concernés pourrait être rapatriée au siège de Veurey-Voroize, à une quinzaine de kilomètres des deux villes, dans le but d’économiser environ 300 000 euros du loyer grenoblois et d’utiliser le siège du journal actuellement inoccupé à 50 %. Inenvisageable pour les journalistes des deux locales qui se sont mobilisés massivement en faisant grève le 26 septembre, un mouvement inédit depuis la création du journal en 1945.

« Symboliquement catastrophique »

Si les journalistes interrogés disent comprendre les contraintes budgétaires, ils craignent que le déménagement du titre soit « symboliquement catastrophique » en les coupant davantage de leurs sources et de leurs lecteurs. « La proximité c’est le cœur de notre métier. Quand on ne vit pas sur place, on ressent moins les choses », assure Florent Cotté, journaliste de la locale de Grenoble. A travers une pétition mise en ligne mercredi 11 octobre, les salariés appellent les différents acteurs du territoire − qu’ils soient politiques, économiques, ou du monde associatif − à exprimer leur opposition à l’éventualité d’un déménagement.

De son côté, Christophe Victor répond qu’« il n’existe pas à ce jour de projet, juste une étude financière et d’impact ». L’ancien du Groupe Les Echos-Le Parisien dit vouloir simplement chiffrer le coût du possible rapatriement des équipes et de la rénovation du siège, avant de prendre une décision. Devant les allées et venues des cabinets d’architectes à Veurey, plusieurs journalistes ont l’impression que le choix est déjà fait. « Le projet de réhabilitation peut très bien avancer sans qu’il n’y ait de déménagement », rétorque M. Victor.

Autre hypothèse crainte par les salariés : les départs − à la retraite, dus à une démission ou à des ruptures conventionnelles − vont-ils continuer à être compensés ? « Ils sont remplacés jusqu’à l’annonce de la réorganisation. Après fin novembre, on ne sait pas ce qui sera décidé », explique Agnès Briançon, cosecrétaire générale du SNJ et journaliste au Dauphiné libéré. « On est déjà à la limite d’être en sous-effectifs dans certaines agences et on a du mal à faire notre travail correctement », avertit-elle. « La direction veut réduire la masse salariale et nous demande de faire encore plus et mieux, avec moins », tance Mona Blanchet, déléguée syndicale Force ouvrière (FO).

Il vous reste 24.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top