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Attentat à Arras : Mohammed M., un jeune homme radicalisé dans le sillage d’une famille connue de la police et de la justice

Devant le lycée Gambetta d’Arras, le 13 octobre 2023.

Sur son profil LinkedIn, Mohammed M., l’homme interpellé pour l’attaque qui a tué un enseignant au lycée Gambetta-Carnot d’Arras et blessé deux autres personnes de l’établissement, vendredi 13 octobre, porte des lunettes rondes et des cheveux courts. Il ressemble à un étudiant studieux, suivant un cursus de BTS sur les moteurs à combustion interne, pratiquant assidûment la boxe. Son profil Facebook, peu fourni, évoque un mariage en 2021.

Au-delà de ses traces numériques éparses, le jeune homme et sa famille sont surtout très connus des services de l’Etat français. Par la sécurité intérieure d’abord : l’homme est l’objet d’une fiche S, son frère ayant été interpellé puis condamné dans le cadre d’un projet d’attentat déjoué. Un fichage administratif renforcé récemment par une surveillance active sur le terrain par les agents de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Les moyens de communication de Mohammed M. étaient sur écoute. Il était suivi de près dans ses déplacements par des policiers de l’antiterrorisme, à tel point qu’il a été contrôlé la veille de l’attentat, sans qu’aucune infraction n’ait pu être constatée pour permettre son interpellation.

Alors, comment un jeune homme radicalisé et ultra surveillé a pu passer à l’acte ? L’enquête conduite par le Parquet national antiterroriste commence tout juste pour connaître les points de bascule d’un étudiant au parcours chaotique. Selon nos informations, Mohammed M. est né en Ingouchie en 2003, une province russe attenante à la Tchétchénie, et serait arrivé en France en 2008 avec ses frères et ses parents. La famille, d’obédience salafiste, s’installe d’abord en Bretagne, dans le village de La-Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), au sud de Rennes. Les enfants sont scolarisés, une demande d’asile est déposée. Mais la préfecture d’Ille-et-Vilaine refuse le statut de réfugié politique au père, Yacoub M..

Selon plusieurs articles de presse et communiqués associatifs de l’époque, le 18 février 2014, les policiers de la police aux frontières débarquent dans le foyer où ils résident, les interpellent et les transfèrent à l’aéroport de Roissy pour les renvoyer en Russie. La tentative d’expulsion de la famille M. génère une levée de boucliers des associations locales de défense des sans-papiers. Les militants vont jusqu’à brièvement occuper l’inspection académique de Rennes. In extremis, alors qu’elle est sur le tarmac, la famille échappe au vol retour, et est libérée du centre de rétention. Le père s’enfuit en Belgique, où il est arrêté et mis dans un avion pour la Russie, en 2018.

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