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Le parti Les Républicains en perte de repères sur sa ligne économique

Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et Eric Ciotti, président de LR, lors du campus des Jeunes Républicains, à Valence, le 1ᵉʳ octobre 2023.

Chercher à définir la doctrine économique de la droite française en 2023, c’est se heurter à une réponse presque systématique : « En reconstruction ». Concurrencée par six ans de macronisme, bousculée par l’émergence de populismes en rupture avec ses fondamentaux idéologiques en Europe et aux Etats-Unis, affaiblie par son long éloignement du pouvoir, la droite reconnaît être en perte de repères en matière économique, pourtant son domaine traditionnel de prédilection.

En 2016, les candidats à la primaire de l’UMP (mouvement devenu depuis Les Républicains, LR) rivalisaient de propositions libérales – fin des 35 heures, cure d’amaigrissement de l’Etat, allègement des contraintes fiscales et sociales, revendiquant même, comme François Fillon, leur filiation avec Margaret Thatcher. Sept ans plus tard, qu’il s’agisse de la dépense publique, du rôle de l’Etat, des réformes, du projet européen, du commerce dans un monde qui se fragmente, difficile de trouver une ligne.

Ces derniers mois, les députés LR ont voté contre la réforme des retraites ou contre la trajectoire de redressement des finances publiques présentée par l’exécutif, tout en proposant de nouvelles dépenses presque à chaque examen du budget, en particulier pour protéger les ménages contre la forte hausse des prix de l’énergie. Encore récemment, une partie d’entre eux disait son hostilité à la privatisation d’Aéroports de Paris, ou encore à des traités de libre-échange avec le Canada ou le Mercosur, qualifié d’« erreur économique et horreur écologique ».

« Convergence des programmes »

« Je pense que Les Républicains n’ont pas de doctrine économique aujourd’hui, explique l’historien Gilles Richard, spécialiste de la droite. S’ils en avaient une, c’était celle de Valérie Pécresse, une droite libérale européiste. Mais cette droite-là ne peut plus ignorer le poids du Rassemblement national qui est aux portes du pouvoir. » En réalité, cette « droite-là » est incarnée aujourd’hui par Emmanuel Macron, obligeant Les Républicains à se déporter sur les sujets sociétaux comme l’immigration.

Les marqueurs de la droite traditionnelle ont été avalés dans le macronisme : l’attention portée aux questions de compétitivité, la valorisation du travail, de l’entrepreneuriat, la critique de l’« assistanat », la promotion des réformes structurelles, les baisses d’impôts. « Personne n’a mené une politique de l’offre aussi intéressante qu’Emmanuel Macron depuis Balladur », résume l’essayiste Alain Minc.

A cette difficulté s’ajoute « une forme de convergence des programmes des partis de gouvernement vers le centre sur une longue période, observe Vincent Pons, professeur d’économie à la Harvard Business School. Dans un contexte de mondialisation élevée, les politiques nationales sont en concurrence ». En France, « on a une gauche de moins en moins à gauche sur l’économie, et une droite qui s’en rapproche sur les sujets sociétaux comme le mariage homosexuel et l’avortement », estime-t-il. C’est la gauche de François Hollande qui fait le pacte de compétitivité et baisse les charges de 40 milliards d’euros. Avant lui, Nicolas Sarkozy avait dû augmenter les impôts après les avoir baissés sous l’effet de la crise des subprimes qui fit exploser les déficits. « Suis-je devenu socialiste ? Peut-être », avait-il alors admis.

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