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« La petite musique des prétendants à la succession d’Emmanuel Macron contribue à faire de lui l’incarnation du monde d’avant »

La surmédiatisation du président de la République, qui ne laisse le privilège d’aucune annonce aux membres de son gouvernement, est à rapprocher de l’angoisse liée à l’échéance de 2027 : Emmanuel Macron a l’obsession de ne rien lâcher tant qu’il sera en exercice. Désormais, chaque heure, chaque minute, chaque seconde compte pour espérer transformer le réel. Tous ceux qui l’ont précédé dans cette charge ont eu le même réflexe, conscients du fait qu’un pouvoir finissant se dévalue très vite.

Pour tromper l’horloge et contenir l’appétit des prétendants à la succession, l’une des ruses à leur disposition était de laisser ouverte le plus longtemps possible l’hypothèse d’une nouvelle candidature. Cette possibilité est constitutionnellement interdite : en vertu de la révision de 2008, le président de la République ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. A supposer que tout se passe comme prévu, son horizon est strictement borné. En mai 2027, il redeviendra un citoyen comme un autre.

L’effet de la modification de l’article 6 de la Constitution n’avait encore jamais été expérimenté. Il se révèle plus rapide et plus brutal que prévu. Au regard des efforts déployés par Emmanuel Macron pour tenter de répondre aux préoccupations des Français (pouvoir d’achat, éducation, sécurité, transition écologique), les résultats apparaissent maigres : sa cote de popularité ne se redresse pas. Elle reste inférieure à 30 %, comme si l’émetteur avait perdu en puissance.

Effet corrosif

Les tensions liées à la réforme des retraites ont certes laissé des traces. L’assombrissement de la conjoncture, dominée par le ralentissement de la croissance, la persistance de l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et le retour de la contrainte budgétaire, crée un contexte anxiogène. Sur ce terreau, la petite musique que commencent à émettre les prétendants à la succession, en dehors ou à l’intérieur du camp présidentiel, a un impact. Elle sonne comme une mise à distance de la politique engagée depuis six ans. Elle renvoie Emmanuel Macron à son passif. Elle contribue à faire de lui l’incarnation du monde d’avant alors qu’il reste théoriquement trois ans et demi de temps utile. L’effet corrosif d’un mandat borné est pleinement perceptible.

Chez ceux qui ne pensent qu’à 2027, deux postures sont en compétition : la rupture franche ou la différenciation par étapes. Laurent Wauquiez, dont le silence inquiétait ses troupes, s’est rangé, dimanche 1er octobre, dans la première catégorie en exploitant jusqu’à plus soif, devant les jeunes Républicains réunis à Valence, le thème du « déclin » et l’appel au « sursaut ». Après avoir décrit un pays miné par « l’épuisement » et « l’impuissance », le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a promis de le « déverrouiller » et de le conduire sur le chemin d’« un nouveau modèle », renvoyant le chef de l’Etat au même « cercle de la raison » que ses prédécesseurs. En 2017, c’est Emmanuel Macron qui prétendait être le candidat de la rupture, de la disruption et de l’espoir.

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