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En Suède, une nuit d’angoisse pour explorer le lien entre peur et plaisir

LETTRE DE STOCKHOLM

Capture d’écran tirée du clip vidéo de Peak Fear Experiment, qui aura lieu le 11 octobre 2023. Au total, mille cinq cents volontaires du monde entier ont déposé leur candidature pour participer à l’expérience.

« Oseriez-vous passer une nuit seul, dans un endroit inconnu, sans pouvoir vous échapper, exposé à vos plus grandes peurs ? » Le défi a été lancé, le 13 septembre, par le parc d’attractions suédois de Liseberg, à Göteborg. Pour bien insister sur le sérieux de cette offre, un petit clip vidéo a été mis en ligne, composé d’images inspirées des grands classiques du cinéma d’horreur : mains ensanglantées, rire démoniaque, lame tranchant une pièce de viande.

Avant la date limite, le 25 septembre, mille cinq cents volontaires, de tous les âges et originaires du monde entier, avaient déposé leur candidature. Conditions pour participer : avoir plus de 18 ans, aimer les frissons et être disponible pour se rendre en Suède le 11 octobre, date à laquelle se tiendra le Peak Fear Experiment, mené en collaboration avec le Recreational Fear Lab, un institut de recherche sur la peur récréative de ­l’université d’Aarhus, au Danemark.

Les détails autour de l’événement ont été gardés secrets. Et pour cause : « Ne pas savoir ce qui va se passer fait aussi partie de l’expérience », justifie Marten Westlund, directeur de la communication à Liseberg. Lors de tests menés dans la file d’attente d’une maison hantée au Danemark, les chercheurs danois avaient remarqué que le cœur des visiteurs battait déjà la chamade. « Les gens semblent surestimer ­systématiquement à quel point une expérience va être effrayante. Et, quand ils découvrent que ce n’était pas aussi terrible, ils en retirent un certain soulagement et du plaisir », constate Mathias Clasen, codirecteur du laboratoire.

Un mot-clé pour stopper l’expérience

Marten Westlund révèle toutefois que « moins de cinq volontaires » seront exposés pendant une nuit à leurs pires frayeurs. Parmi celles-ci, quatre reviennent régulièrement : l’inquiétude de ne pas savoir ce qui va se produire, la peur du vide, celle de l’isolement et la phobie des clowns. Les volontaires seront équipés de différents appareils de mesure, permettant aux scientifiques de collecter des données.

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Pour être sûr de ne pas aller trop loin, chaque candidat choisira un mot-clé qu’il pourra prononcer s’il veut tout arrêter et un médecin supervisera l’expérience. L’objectif est de découvrir le point optimal entre le plaisir et la terreur. Les chercheurs d’Aarhus, qui l’ont baptisé le « point sensible de la peur », ont démontré, dans une étude publiée en novembre 2020 dans le journal Psychological Science, que « la relation entre la peur et le plaisir n’était pas linéaire, mais plutôt en forme de “U” inversé », explique Mathias Clasen. Pour être divertissante, la frayeur ne doit pas être trop intense, au risque de devenir déplaisante.

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