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L’envolée des prix de l’huile d’olive alarme les Espagnols

L’huile d’olive serait-elle en passe de devenir un produit de luxe en Espagne ? Il est, en tous les cas, de plus en plus fréquent de trouver les bouteilles sous antivol dans les rayons des supermarchés espagnols. « Les prix sont monstrueux », tempête, en ce début du mois d’octobre, Roberto Sanchez, 70 ans, devant les étals d’un grand magasin Carrefour de Majadahonda, dans la banlieue ouest de Madrid. « Auparavant, la même bouteille me coûtait moins de 5 euros. Dernièrement, elle est montée à 12 euros. Là, je vais faire des provisions parce qu’il y a une offre spéciale à 10 euros. »

Base de la cuisine espagnole, utilisée crue pour assaisonner les salades, pour graisser les planchas ou cuite pour réaliser les bains de friture des calamars et autres spécialités locales, l’huile d’olive vierge a vu son prix plus que doubler en un an. Cette hausse est donc vécue comme un véritable drame national. « Je suis passée aux marques blanches et j’ai réduit ma consommation de moitié, explique Mariana, femme au foyer de 46 ans, mère de deux enfants, en refusant de donner son nom. Auparavant, je consommais une bouteille par semaine ; à présent je me contente d’une tous les quinze jours. » Luz Elena, une Péruvienne de 64 ans, se lamente : « Pour moi, c’est encore pire que la hausse du prix de l’essence, et j’ai peur que cela ne dure : il ne pleut pas, les arbres ne doivent pas avoir beaucoup de fruits. »

Augmentation des frais fixes

Effectivement, la sécheresse terrible dont souffre le royaume a réduit la récolte d’olives à peau de chagrin. Avec à peine 673 000 tonnes lors de la campagne 2022-2023, la production d’huile a chuté de 55 % par rapport à la campagne précédente. A cette récolte minime, la « pire du siècle », comme ne le cessent de répéter les agriculteurs, s’ajoutent les hausses des prix de l’électricité, des carburants et des fertilisants, qui ont fait bondir leurs frais fixes.

« L’effet du changement climatique est évident : on a toujours eu des alternances de périodes de ­sécheresse mais pas comme aujourd’hui. Cela fait plus de trois ans que ­celle-ci dure, souligne José Gilabert, agriculteur de 58 ans, qui possède 65 hectares dans la région de Jaen, en Andalousie, capitale mondiale de l’huile d’olive. Il pleut moins et surtout de manière moins étalée dans le temps et, quand des précipitations tombent, c’est sous la forme de tempête. Quant aux tempé­ratures, elles ne cessent de battre des records. »

En ce début du mois d’octobre, le thermomètre y affiche encore 36 °C. « C’est 10 °C de plus que la normale de saison. Quand il s’est mis à pleuvoir, au début du mois de septembre, nous avions l’espoir d’améliorer la campagne 2023-2024, mais cela n’a pas duré et nous sommes très inquiets », ajoute le producteur, à la tête de la marque Puerta de Las Villas.

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