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« Fractures françaises » : une forte déception après un an de majorité relative à l’Assemblée nationale

Elisabeth Borne, et le président du groupe Renaissance, Sylvain Maillard, à l’Assemblée nationale, le 27 septembre 2023.

Depuis que le chef de l’Etat a annoncé vouloir réviser la Constitution pour faciliter le recours au référendum et tenir compte des « aspirations démocratiques » des Français, la question de la satisfaction vis-à-vis de la démocratie représentative est de nouveau posée. Cela suffira-t-il à restaurer la confiance entre les citoyens et leurs représentants, ainsi que la légitimité de leurs institutions ? La nouvelle livraison de l’enquête « Fractures françaises », réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne, rapporte que 65 % des personnes interrogées jugent irremplaçable le régime démocratique. Pour autant, 69 % d’entre elles jugent qu’il fonctionne mal, estimant que leurs idées y sont mal représentées.

Le débat de la mal-représentation n’est pas nouveau, mais il a pris une tournure conflictuelle permanente depuis les élections législatives de 2022. L’Assemblée nationale est devenue le théâtre d’un conflit organisé, certains allant même jusqu’à qualifier de « bordélisation » le spectacle parlementaire.

De fait, aux yeux des Français interrogés dans notre enquête, le fonctionnement du Parlement se dégrade fortement. Ils sont désormais 43 % (contre 31 % en 2022) à considérer que la démocratie fonctionne moins bien en présence d’une majorité relative, 10 % à penser le contraire et, enfin, 47 % sans avis tranché. Sans surprise, une ligne de fracture oppose les gagnants aux perdants de ce nouvel équilibre des partis d’opposition. Par exemple, les sympathisants de La France insoumise (LFI) et d’Europe Ecologie-Les Verts sont les premiers à considérer que le système fonctionne mieux ainsi, puisqu’ils ont gagné en visibilité dans cette législature, alors que les partisans du parti Les Républicains (LR) affichent le plus fort rejet.

L’épreuve de la réforme des retraites

Si les Français n’apprécient guère cette majorité relative à l’Assemblée, c’est notamment parce que la culture de gouvernement de coalition est absente de notre histoire politique récente. Le fait majoritaire, continu depuis 1988, a considérablement réduit la recherche du compromis. Et ce n’est pas l’usage passé et à venir de l’article 49.3 de la Constitution – permettant de faire adopter un texte sans vote – qui apaisera les tensions. Si compromis ne signifie pas nécessairement renoncement, l’épreuve de la réforme des retraites conduit aujourd’hui 60 % des Français interrogés à considérer que l’exécutif ne fait pas assez de concessions aux oppositions (+ 5 points en un an).

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