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Combien de trimestres faut-il pour une retraite à taux plein, après la réforme ?

Le trimestre est un peu la « monnaie officielle » du système de retraite français, tant il joue un rôle-clé dans le calcul de la plupart des pensions. Ainsi, si vous prenez votre retraite sans avoir tous vos trimestres, votre pension de base ne sera, en règle générale, pas calculée « à taux plein » : elle subira une décote.

Le nombre de trimestres requis pour obtenir ce taux plein dépend de votre année de naissance. C’est par exemple 167 trimestres (soit 41,75 ans), tous régimes de retraite de base confondus, si vous êtes des générations 1959 ou 1960. La réforme des retraites de 2014, dite Touraine, avait fixé un calendrier d’allongement progressif du nombre de trimestres requis, il aboutissait à 172 (soit 43 ans) pour les personnes nées en 1973 et après.

La dernière réforme des retraites, entrée en vigueur le 1er septembre 2023, a toutefois accéléré ce calendrier, de sept ans. Résultat, les 172 trimestres seront en effet finalement exigés dès la génération 1965.

Toutes les personnes nées entre le 1er septembre 1961 et fin 1972 sont concernées par cette accélération. Par exemple, si vous êtes né fin 1961 ou en 1962, vous obtiendrez finalement le taux plein avec 168 trimestres, au lieu des 167 qui étaient prévus avant cette dernière réforme. Si vous êtes de 1963, il vous faudra 170 trimestres, soit deux de plus que ce qui était prévu par la réforme Touraine. Générations 1965 ou 1966 ? Votre quota de trimestres a été fixé à 172 (+ 3 par rapport à 2014).

Le taux plein peut cependant s’obtenir sans avoir le nombre de trimestres nécessaires, à partir de l’« âge du taux plein automatique », encore appelé « âge d’annulation de la décote ». C’est 67 ans dans le cas général, 65 ans dans certaines situations, et ces bornes n’ont pas été modifiées par la dernière réforme des retraites.

Un trimestre n’est pas un trimestre

Reste à bien comprendre ce que l’on entend par « trimestre », et c’est plus complexe qu’il n’y paraît.

D’abord, il faut savoir que de nombreux trimestres comptent pour le calcul du taux de liquidation de la retraite de base, donc pour l’obtention du fameux taux plein : les trimestres cotisés, bien sûr, mais aussi les trimestres accordés pour des périodes de maladie, de chômage, de maternité, les trimestres de majoration de durée d’assurance pour enfant, ceux que vous avez peut-être rachetés à vos régimes, etc.

Surtout, gardez en tête qu’au régime général (la retraite de base des salariés du privé, des commerçants et des artisans), on n’acquiert pas un trimestre en travaillant un trimestre !

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Retraite : peut-on annuler sa demande de pension ?

« C’est le revenu qui permet de valider un trimestre, pas la durée travaillée », décrypte Françoise Kleinbauer, qui dirige le cabinet de conseil France Retraite. Ainsi, en 2023, il suffit d’un revenu brut de 1 690,50 euros pour décrocher un trimestre. Avoir cotisé sur la base d’au moins 6 762 euros de revenus permet donc d’avoir ses quatre trimestres (c’est le maximum possible) pour l’année – et ce, que vous ayez travaillé trois mois dans l’année ou douze mois depuis le 1er janvier.

A une exception près : la dernière année de la carrière, l’année de la retraite, les trimestres sont comptabilisés normalement. C’est pourquoi si vous partez à la retraite le 1er août 2024, vous ne pourrez pas valider plus de deux trimestres cette année-là, même si vous avez gagné les 6 762 euros. Attention, « chez les fonctionnaires, c’est l’inverse, les trimestres se comptent en jours », note Mme Kleinbauer.

Enfin, il ne faudrait pas croire qu’une pension à taux plein est une retraite entière, sans minoration. Les termes sont trompeurs, comme souvent en matière de retraite. Prenons l’exemple de Barbara, salariée du privé née en 1960, attendant ses 67 ans, en 2027, pour partir avec le « taux plein automatique », malgré cinq trimestres manquant.

Taux plein et pension Agirc-Arrco

Si le trimestre est surtout l’unité de compte utilisée pour calculer les retraites de base (à l’exception de quelques régimes), il joue aussi un rôle important dans la fixation de la pension complémentaire Agirc-Arrco, pour les salariés du privé. En effet, celle-ci subit une décote définitive si la personne n’a pas obtenu sa retraite de base à taux plein. Quelle décote ? Elle est calculée en fonction du nombre de trimestres qui vous séparent de vos 67 ans, ou du nombre de trimestres qu’il vous manque pour atteindre le quota requis pour votre génération, l’option la plus favorable étant appliquée.

Sa pension de base sera calculée selon la formule suivante : 50 % x SAM x coefficient de proratisation. Dans cette formule, le 50 % correspond au taux de liquidation d’une retraite à taux plein.

Le « SAM » est le salaire annuel moyen (calculé sur les vingt-cinq meilleures années de la carrière).

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Quant au coefficient de proratisation, souvent méconnu, il est calculé sur la base des trimestres validés au régime de base. Pour Barbara, ce sera 162/167 (soit 0,97), puisqu’elle n’a dans ce régime que 162 trimestres sur les 167 requis pour sa génération. La pension ne sera donc pas « complète », même si calculée au taux plein de 50 %. Gare aux mots.

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