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Les Africains s’inquiètent des répercussions de la taxe carbone européenne sur leur économie

Une mine de fer à Khathu, en Afrique du Sud, en 2011.

Pour les pays africains, partenaires commerciaux de l’Union européenne (UE), c’est une forme de compte à rebours qui vient de s’enclencher. Début octobre, les Vingt-Sept ont lancé la phase d’essai de leur « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières » (MACF). Celui-ci réclame aux entreprises européennes de déclarer le contenu en carbone de leurs importations de produits considérés comme très polluants : le fer, l’acier, le ciment, l’aluminium, les engrais et l’hydrogène. D’ici à 2026, ce dispositif imposera une taxe sur le CO₂ émis lors de leur fabrication à l’étranger. L’enjeu est d’empêcher les délocalisations et la concurrence déloyale de producteurs dans des régions où les réglementations climatiques sont moins strictes qu’au sein de l’UE.

L’entrée en vigueur est donc progressive. « Mais l’Afrique n’est pas préparée. Et elle ne le sera pas dans trois ans », alerte l’experte en diplomatie climatique Faten Aggad. Ex-conseillère à la Fondation africaine pour le climat, cette dernière a réalisé avec David Luke, professeur à la London School of Economics, une étude visant à chiffrer les répercussions de cette future taxe pour le continent. « L’impact sur les pays africains serait plus important, en proportion de leur PIB, que sur toutes les autres régions », concluent-ils, rappelant que l’UE est un marché majeur pour les exportateurs africains spécialisés dans les produits ciblés par le MACF.

Selon l’étude, la baisse des exportations pourrait réduire le PIB africain de 0,91 %, soit l’équivalent de 25 milliards de dollars (près de 24 milliards d’euros). « Pour replacer ces chiffres dans leur contexte, les pertes annuelles dues à la taxe aux frontières représentent, en valeur, trois fois le budget de la coopération au développement que l’UE s’est engagée à consacrer à l’Afrique en 2021 », écrivait David Luke dans une tribune publiée en juillet sur le site The Conversation.

« Une peur s’est installée »

Une poignée de pays risquent d’être plus particulièrement pénalisés. Le Mozambique, qui exporte plus de la moitié de son aluminium vers l’Europe, pourrait perdre 1,6 % de son PIB, selon une évaluation du centre de réflexion américain Center for Global Developement. Parmi les autres économies africaines exposées figurent l’Afrique du Sud, le Cameroun et l’Egypte pour l’aluminium, le Zimbabwe pour le fer et l’acier, le Maroc avec les engrais, ainsi que la Tunisie et l’Algérie.

Par ailleurs, alors que la Commission européenne doit évaluer, à la fin de la période transitoire, si la portée du MACF doit être étendue à d’autres produits et services, « une peur s’est installée », affirme Carlos Lopes, professeur à l’Université du Cap, en Afrique du Sud. « Va-t-on par exemple y ajouter la bauxite que produisent un certain nombre de pays africains et qui sert à la fabrication de l’aluminium ?, interroge l’économiste bissau-guinéen. Cette incertitude risque de décourager les investissements. »

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