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Emeutes : le gouvernement accusé de « chercher à gagner du temps » sur les réponses à apporter

Elisabeth Borne, accompagnée, à sa gauche, du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, du garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, et, à sa droite, du ministre de l’intérieur, Gérard Darmanin, et de la ministre des solidarités, Aurore Bergé, lors du Conseil national de la refondation postémeutes, à Matignon, à Paris, le 5 octobre 2023.

La plupart des membres du gouvernement sont ressortis de Matignon perplexes. Ce jeudi 21 septembre, lorsque les quatorze ministres (justice, intérieur, ville, logement, éducation, culture…) quittent Elisabeth Borne après trois heures d’une réunion consacrée aux émeutes de début juillet, il semble clair, pour tous, que la « réponse d’ampleur » qu’a réclamée le chef de l’Etat, le 21 juillet, pour la rentrée, attendra. Les ministres, qui ont planché au cours de l’été sur des pistes de mesures susceptibles d’éviter un nouvel embrasement du pays, exposent à tour de rôle leurs idées sans qu’aucune ligne ne se dégage. « Ça a brassé large », résume-t-on au ministère de l’intérieur, où l’on s’inquiète : « Les gens voient que l’on a fait un garrot pour éviter que ça saigne, mais la blessure n’est pas soignée. »

Plus de trois mois après la mort du jeune Nahel M., abattu par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, le 27 juin – qui a déclenché le saccage de commissariats, d’écoles, de mairies ou de médiathèques –, Matignon réclame un sursis jusqu’à « fin octobre », avant d’apporter aux cinq cents maires des villes les plus touchées la réponse qu’ils attendent depuis le 4 juillet et leur rencontre avec Emmanuel Macron à l’Elysée. Le conseil interministériel de la ville, initialement prévu lundi 9 octobre, et lors duquel la première ministre devait présenter la réponse du gouvernement aux émeutes, a été reporté. En attendant, un Conseil national de la refondation (CNR) s’est penché sur le sujet des violences urbaines, jeudi 5 octobre, sans qu’aucune annonce n’ait été faite par le gouvernement. « Le moment qu’on vit n’est plus un moment de grand discours mais celui des actes », défend le ministre de la transformation et de la fonction publiques, Stanislas Guerini.

« L’exécutif dit qu’il veut prendre le temps, en réalité, il cherche à gagner du temps », fustige Eric Coquerel, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis. « C’est stupéfiant. La technique est toujours la même. Le gouvernement a cette capacité de répondre “procédures” à des problèmes de fond. Pour les “gilets jaunes”, c’était un grand débat. Pour les retraites, c’était les “cent jours”. Et maintenant, c’est un CNR. Même le diagnostic des émeutes, en dehors de “Kévin et Mattéo”, n’est pas posé ! », grince le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau. Lors d’une audition au Sénat, le 5 juillet, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait affirmé que les émeutiers étaient pour beaucoup des « Kévin et Mattéo », prénoms franco-français, refusant de conforter l’idée défendue par la droite et l’extrême droite que les violences avaient un lien avec l’immigration.

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