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Après les émeutes, les élus de banlieue désabusés par l’absence de réponse de Macron : « Les mesures ne sont jamais là »

La première ministre, Elisabeth Borne, avant une réunion du Conseil national de la refondation, à l’hôtel Matignon, à Paris, le 5 octobre 2023.

Sa nomination a été une surprise, son profil l’est tout autant. A 46 ans, Sabrina Agresti-Roubache, la secrétaire d’Etat chargée de la ville, en poste depuis deux mois et demi, n’a pas franchement les manières policées des serviteurs de l’Etat bien nés, mais elle a la niaque. Et la tchatche. L’enfant de la cité Félix-Pyat, à Marseille, devenue productrice de films et nouvelle venue en politique – elle a été élue députée Renaissance en juin 2022 –, fustige « ces mecs qui ont tout cramé cet été » et qui, « comme l’a dit le président de la République, ne sont plus civilisés », lorsqu’elle évoque les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel M., tué par un policier le 27 juin à Nanterre lors d’un contrôle.

Elle dit ne pas avoir été nommée « pour rester planquée dans son bureau » et se « fout » de ce qu’on dit d’elle dans les couloirs des ministères et dans les dîners en ville parisiens, après l’interview qu’elle a accordée au Journal du dimanche (JDD), le 6 août. Soit la première d’un membre du gouvernement dans l’hebdomadaire désormais dirigé par l’ex-rédacteur en chef de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, marqué à l’extrême droite.

« Elle a l’air de vouloir faire », « elle a l’air déterminée », « elle serait proche du couple Macron », commentent, optimistes, ceux qui la rencontrent depuis son atterrissage précipité au gouvernement au lendemain des violences urbaines. Le moment est critique, on attend d’elle qu’elle bouscule tout, qu’elle fasse remonter tout en haut de la pile des préoccupations nationales le sujet toujours brûlant des banlieues. Ce lundi 2 octobre, dans son vaste bureau du boulevard Saint-Germain, à Paris, logé au sein du ministère de la transition écologique, l’un de ses deux ministères de tutelle avec le ministère de l’intérieur, elle est à la veille de son premier grand rendez-vous avec sa nouvelle vie.

Dans une semaine doit se tenir, sous l’égide de la première ministre, Elisabeth Borne, le comité interministériel des villes (CIV), sorte de grand-messe avec élus, experts, associations… où se joue l’avenir de la politique de la ville. C’est à l’issue de cette réunion que des mesures en faveur des quartiers populaires devraient être annoncées. Ce rendez-vous, maintes fois reporté, est d’autant plus attendu que, trois mois après les émeutes qui ont sidéré le pays, il doit être à la hauteur de la réponse « immense » promise par Emmanuel Macron.

« Aucune ambition pour les quartiers populaires »

La secrétaire d’Etat sait, dit-elle, que les associations et les élus de banlieues sont « au bout de leur vie ». « Moi aussi, ajoute-t-elle, je suis au bout de ma vie ! » Les premiers sont las d’être ignorés par un gouvernement qu’ils alertent depuis plus d’un an sur l’urgence de la situation : le décrochage des jeunes, les conséquences de l’inflation sur les habitants, les risques d’une explosion. La seconde est accablée par la misère dans laquelle les quartiers populaires sont enlisés. Elle en sait quelque chose, aime-t-elle rappeler, elle en vient. Depuis des semaines, pour préparer ce CIV, elle consulte à tout-va, concerte, associe… « Ce CIV, c’est le “go”, c’est ce que tous les acteurs attendent et ils ont raison. Je suis convaincue qu’il y aura un avant et un après », voulait-elle encore croire. Et patatras !

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