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Abandon du TGV Londres-Manchester : « Au Royaume-Uni, une fragilisation supplémentaire du transport ferroviaire »

A la gare de Londres-Waterloo, le 4 octobre 2023.

C’est dans un ancien terminus ferroviaire de Manchester et en pleine grève des employés du rail que le premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, a annoncé, mercredi 4 octobre, la mort de la ligne de train à grande vitesse reliant Londres à Manchester. Un projet titanesque, lancé en 2009, qui ambitionnait de relier le cœur de l’Angleterre, Birmingham, Leeds, Manchester, à la capitale britannique. Des décennies après la France, l’Allemagne ou l’Espagne, le Royaume-Uni se convertissait au TGV, au-delà du tronçon reliant Londres à Douvres pour emprunter le tunnel sous la Manche.

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Le train britannique, maltraité sous Margaret Thatcher, privatisé en dépit du bon sens, abonné aux retards en cascade et aux grèves surprises, est devenu un cauchemar récurrent pour ses usagers, mais aussi pour ses hommes politiques. Le projet Londres-Manchester a accumulé les retards et les coûts.

*Prévue à 37,5 milliards de livres sterling (43,3 milliards d’euros), la facture finale a gonflé à 100 milliards de livres, en faisant l’un des trains les plus chers du monde à construire. Encore partisan du chantier à son arrivée au pouvoir, comme ses prédécesseurs, Rishi Sunak a tranché. Seule la ligne Londres-Birmingham, déjà en construction, sera achevée. Les extensions vers le nord et l’est, les plus cruciales en matière de décongestion du trafic, seront abandonnées.

Crise sanitaire et télétravail

Le gouvernement entend utiliser les économies réalisées, de l’ordre de 36 milliards de livres, pour des projets locaux ferroviaires et routiers. Il ambitionne ainsi de dépenser 8,3 milliards de livres pour supprimer les nids-de-poule sur les routes du royaume. Il est sûr que le chantier mettra moins de temps et sera visible plus rapidement par les sujets de Sa Majesté, surtout ceux qui pourraient voter pour les conservateurs aux prochaines élections.

Mais cela obère pour longtemps la capacité et la crédibilité du pays pour mener à bien de grands projets d’équipement. Avec pour conséquence une fragilisation supplémentaire du transport ferroviaire qui ne s’est toujours pas remis de la crise sanitaire et de l’explosion du télétravail. Les compagnies ont perdu 20 % de leur trafic, et, aujourd’hui, selon le Financial Times, leurs revenus provenant des subventions des pouvoirs publics sont désormais supérieurs à ceux des passagers.

Pour être sûr qu’un prochain gouvernement ne relancera pas le projet, Rishi Sunak a assuré que les terrains acquis à prix d’or pour construire la nouvelle ligne au-delà de Birmingham seraient revendus. La planification n’est décidément pas la tasse de thé des conservateurs britanniques.

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