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A Paris, la droite et les macronistes lancent une offensive pour réformer le mode de scrutin des municipales

Anne Hidalgo participe aux élections sénatoriales  à l’Hôtel de ville de Paris, le 24 septembre 2023.

Renaissance s’attaque à un totem. Des députés du parti présidentiel travaillent à la rédaction d’un texte visant à modifier la fameuse loi dite « PLM » (pour Paris, Lyon, Marseille). Adoptée en 1982, elle a instauré un mode de scrutin spécifique pour les trois principales villes de France : organisé par secteurs (qui ne coïncident pas toujours avec les arrondissements, mais qui sont dirigés par un maire), il désigne des élus dont certains siègent dans deux conseils (local et municipal, où est élu le maire de la ville). Les députés veulent appliquer le même système que partout en France.

Le débat, récurrent, s’accélère. D’abord, parce que les parlementaires macronistes veulent déposer leur proposition de loi avant la fin de l’année, pour une adoption en 2024. Ensuite, parce que Rachida Dati, maire (Les Républicains, LR) du 7e arrondissement de Paris et principale opposante à la socialiste Anne Hidalgo, a posté un tweet énigmatique, le 3 octobre : elle y affirme s’être entretenue avec le président de la République « en vue de l’abrogation de la loi #PLM ». Sollicitée par Le Monde, elle ne souhaite pas en dire plus.

Dans le même texte, elle indique qu’« afin de répondre à un enjeu démocratique, les Parisiens doivent choisir directement leur maire ». C’est le même argument que développent les élus de Renaissance. Le mode de scrutin est « archaïque et indéfendable, juge le député de Paris David Amiel, puisque la voix d’un citoyen ne pèse pas le même poids selon l’arrondissement où il vit ». Avec ses homologues, il défend le principe : « un Parisien, une voix. » L’idée, explique le député de Paris Benjamin Haddad : « Deux urnes le jour du scrutin, l’une pour la liste du maire d’arrondissement, l’autre pour celle du maire de Paris. » Ainsi, poursuit-il, « les arrondissements d’opposition ne [pourraient plus] être ignorés dans la gouvernance de la Mairie de Paris comme c’est le cas aujourd’hui ».

Paradoxes démocratiques

A Marseille, pour beaucoup d’observateurs, le système de vote actuel favorise les calculs électoraux, voire un clientélisme territorial. De 1995 à 2020, le maire (LR) Jean-Claude Gaudin s’est vu ainsi accusé par ses opposants de privilégier l’équipement de quatre secteurs qui, scrutin après scrutin, lui offrait sa majorité.

Le mode de scrutin a déjà débouché sur des paradoxes démocratiques : en 1983, Jean-Claude Gaudin était battu par Gaston Defferre, initiateur du découpage en tant que ministre de l’intérieur, alors qu’il avait obtenu plus de voix que le vainqueur. En juin 2020, Michèle Rubirola, candidate du Printemps marseillais, avait 13 000 bulletins d’avance sur sa rivale (LR) Martine Vassal, mais a dû s’allier avec Samia Ghali (divers gauche) pour être élue maire. A l’époque, Benoît Payan, qui lui a succédé six mois plus tard, voyait la loi « PLM » comme une « anomalie démocratique ».

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