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L’enquête sur les soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, une instruction longue de dix ans

Nicolas Sarkozy, à la cour d’appel de Paris, lors de son procès pour l’affaire des « écoutes », le 7 décembre 2022.

Son interrogatoire aura mis sur pause, pour quelques jours, la tournée de dédicaces du dernier tome de ses Mémoires, Le Temps des combats (Fayard, 592 pages, 28 euros). Nicolas Sarkozy a été mis en examen vendredi 6 octobre, au terme de quatre jours d’audition, pour « recel de subornation de témoin » et « participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l’infraction d’escroquerie au jugement en bande organisée ». Dans ce dossier, les juges d’instruction le soupçonnent d’avoir pris part aux manœuvres frauduleuses visant à le disculper dans un autre dossier, majeur, celui sur les soupçons de financement de sa campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2007 par le régime libyen de Mouammar Kadhafi.

Dans le cadre de cette dernière instruction, longue de dix ans, l’ancien chef de l’Etat sera jugé début 2025, a-t-on appris fin août, pour « recel de détournement de fonds publics », « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « association de malfaiteurs ». Retour sur les étapes-clés de l’enquête, ainsi que sur les manœuvres destinées à tromper la justice et influencer l’opinion publique.

La genèse de la procédure judiciaire

17 décembre 2010. L’immolation d’un vendeur ambulant à Sidi Bouzid (Tunisie) provoque des mouvements de contestation du Maroc au Yémen, bientôt appelés « printemps arabes ». En Libye, les manifestants réclament le départ de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Le 10 mars 2011, le Conseil national de transition (CNT), formé quinze jours plus tôt par l’opposition, est reconnu par la France comme le seul « représentant légitime » du peuple libyen. Le même jour, l’agence officielle libyenne publie un communiqué affirmant qu’« un grave secret va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale ». Le 16 mars, l’un des fils de Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam, confirme à Euronews : « C’est nous qui avons financé sa campagne. (…) Nous révélerons tout prochainement. »

Ces menaces constituent les premières occurrences publiques d’un potentiel financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 – alimentant la thèse, soutenue par la défense de Nicolas Sarkozy, d’une vengeance orchestrée par le clan Kadhafi après la reconnaissance du CNT et l’intervention militaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Quatre témoins, dont deux anciens membres de l’ambassade de France à Tripoli, ont cependant fait état aux enquêteurs de rumeurs entendues à ce sujet entre 2006 et le début de l’année 2011.

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