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Comment la « kalach » est devenue l’arme fétiche du narcotrafic

Capture d’une caméra de surveillance montrant un homme masqué ouvrant le feu à la Kalachnikov sur plusieurs personnes dans une rue du 4e arrondissement de Marseille, le 28 septembre 2023.

Seize secondes, deux morts et un blessé grave : la séquence provient d’une caméra de vidéosurveillance et montre un homme masqué ouvrant le feu à la Kalachnikov sur plusieurs personnes dans une rue animée du 4arrondissement de Marseille, le jeudi 28 septembre, à 19 h 40. Deux jours plus tard, cinq policiers sont blessés à Nîmes en interpellant deux individus suspectés d’avoir visé un véhicule dans le quartier de la préfecture. L’un d’eux est porteur, là encore, d’une « kalach ». Dans la nuit du dimanche 2 au lundi 3 octobre, une arme identique est utilisée pour cibler la façade d’une maison, à nouveau à Marseille.

Depuis le début de l’année, soixante-sept de ces fusils d’assaut ont été saisis sur le seul territoire de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. « Un chiffre inédit, fruit de la multiplication des contrôles », estime la préfète de police, Frédérique Camilleri.

Dans la panoplie des réseaux de « stups » marseillais, cette arme de guerre a pris rang d’accessoire indispensable, au même titre que la sacoche Chabrand, une marque locale autrefois réservée à la jeunesse dorée des beaux quartiers et désormais prisée de certains gérants de points de deal montés en grade.

A Marseille, cette appétence pour la « kalach » – un terme générique qui désigne le fusil d’assaut AK-47 et ses variantes – est loin d’être récente. En 2006, déjà, les forces de l’ordre avaient réalisé une saisie historique : une cinquantaine d’exemplaires de cette arme de guerre produite en masse depuis la fin de la seconde guerre mondiale par l’Union soviétique, ses ex-pays satellites, la Chine et même l’Algérie.

Un cocktail létal explosif

Mais, en dix ans, la montée en puissance des gangs liés au trafic de stupéfiants en a fait un fétiche, indispensable pour attaquer un point de deal concurrent ou solder des comptes dans le sang. Le pistolet automatique 9 millimètres reste l’arme des exécutions ciblées organisées par les pontes du grand banditisme à l’ancienne – un pilote de scooter, un tireur, une cible vulnérable et isolée –, la Kalachnikov est celle des salves lâchées par les sicaires des réseaux de stups, destinées à « coucher » un maximum d’« ennemis ». Et frapper les esprits.

« Dans l’imaginaire des jeunes malfaiteurs, décrypte Yann Sourisseau, chef de l’Office central de lutte contre la criminalité organisée, en posséder une et s’en servir, c’est afficher une capacité de nuisance ultime dans un milieu où tout n’est que rapport de force : puissance financière, nombre de “soldats”, relations criminelles ou puissance de feu. La Kalachnikov symbolise tout ça : c’est à la fois un outil pour régler un problème et un message de dissuasion. »

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