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Agirc-Arrco : les tensions montent encore d’un cran entre Etat et partenaires sociaux

Le président du Medef, Patrick Martin, lors de la Rencontre des entrepreneurs de France, à l’hippodrome de Longchamp, à Paris, le 28 août 2023.

Les tensions deviennent de plus en plus vives entre l’exécutif et les partenaires sociaux. Après leur différend sur l’assurance-chômage, la querelle s’étend à un autre dossier : l’Agirc-Arrco, la caisse de retraites complémentaires du privé, qui est cogérée par les organisations d’employeurs et de salariés. Dans un entretien au quotidien Les Echos du mardi 3 octobre, Patrick Martin, le président du Medef, dénonce « l’interventionnisme » de l’Etat, qui se manifeste par un projet de ponction sur les ressources de ce régime paritaire.

C’est la première fois que le leader patronal s’exprime, publiquement, en des termes aussi vigoureux. A treize jours d’une conférence sociale, qui est censée traduire la volonté du pouvoir en place de coconstruire les réformes avec les acteurs de la société civile, Emmanuel Macron et son gouvernement sont, une fois de plus, accusés de brutaliser les corps intermédiaires.

Si elle a franchi une nouvelle étape, mardi, avec les déclarations de M. Martin, la controverse autour de l’Agirc-Arrco ne jaillit pas de nulle part. Elle a commencé à poindre, à la fin de 2022, lors de la concertation avec les syndicats et le patronat sur la réforme des retraites. A l’époque, il était plutôt question de solliciter le régime paritaire pour le financement de la revalorisation des petites pensions, qui a finalement été mise en œuvre dans la réforme promulguée à la mi-avril.

Participer à « l’équilibre général »

Depuis, le discours semble avoir un peu évolué. Les pouvoirs publics demandent désormais un geste pour concourir à l’équilibrage de notre système par répartition. A ce stade, aucun montant précis n’est avancé, mais Olivier Dussopt a évoqué, en public et lors d’un échange avec la CGT, l’hypothèse d’une contribution oscillant entre 1 et 3 milliards d’euros par an, à terme. Invité, mardi matin, d’Europe 1, le ministre du travail n’a pas livré de précision sur ses intentions. Il s’est borné à confirmer que l’Agirc-Arrco sera mis à « contribution » pour participer à « l’équilibre général » de l’ensemble de notre système de retraites – c’est-à-dire en raisonnant sur tous les régimes (qu’ils soient de base, complémentaires, spéciaux…).

Pour justifier sa position, M. Dussopt a fait valoir que l’Agirc-Arrco va bénéficier du report de l’âge légal de départ à 64 ans : grâce à cet ajustement paramétrique, la caisse de retraites complémentaires du privé, qui était déjà excédentaire de 5,1 milliards en 2022, va voir sa situation s’améliorer, de « 1 à 1,2 milliard d’euros » en 2026, selon M. Dussopt. Dès lors, a-t-il ajouté, « il est normal » que l’Agirc-Arrco apporte son écot pour éviter que l’ensemble du système par répartition soit dans le rouge, en raison des déficits qui plombent certains régimes de pensions – notamment ceux de base pour les travailleurs du privé. Une logique qualifiée de « hold-up » par la CGT.

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