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Neurosciences : une joute mondiale sur les théories de la conscience

Une curieuse manifestation scientifique a eu lieu le 23 juin dans une salle de spectacle new-yorkaise. Sous l’égide de l’Association pour l’étude scientifique de la conscience, des experts du domaine s’étaient donné rendez-vous pour prendre connaissance des résultats d’une initiative inédite : la confrontation méthodique de deux théories de la conscience. L’objet de celles-ci est d’expliquer comment les expériences subjectives – pour le dire simplement, ce qu’un sujet ressent face aux mondes extérieur et intérieur – émanent de l’activité cérébrale. Une question qui met au défi philosophes et scientifiques depuis des siècles.

Les tenants de la théorie de l’espace de travail global (GNWT), dont le Français Stanislas Dehaene (Collège de France) est le chef de file, et ceux de la théorie de l’information intégrée (IIT), proposée par Giulio Tononi (université du Wisconsin), avaient accepté de s’accorder sur une série d’expériences susceptibles de les départager, menée par des laboratoires tiers, réunis au sein d’un consortium baptisé Cogitate, et financée par la Templeton World Charity Foundation.

L’heure était venue de dévoiler les résultats de cette collaboration « adversariale », ce qui fut fait comme s’il s’était agi d’une confrontation sportive – « tous mes doctorants avaient les yeux écarquillés à voir sur scène de grandes figures du domaine associées à une forme de spectacle », témoigne Axel Cleeremans, professeur à l’Université libre de Bruxelles. La soirée visait aussi à solder un pari pris en 1998 par Christof Koch (Institut Allen pour les sciences du cerveau, Seattle) auprès du philosophe de l’esprit David Chalmers (New York University) : Christof Koch avait alors estimé que les neurosciences auraient trouvé le substrat neuronal, biologique, de la conscience d’ici à vingt-cinq ans.

Banc d’essai

Difficile de résumer les deux théories en balance en quelques mots – ou même paragraphes. Disons que, pour l’IIT, la conscience est la capacité intrinsèque d’un réseau de neurones à s’influencer lui-même, déterminée par le niveau d’information intégrée maximal admis par ce réseau, exprimée par un paramètre mathématique dénommé phi. D’un point de vue anatomique, la partie postérieure du cortex serait la plus susceptible d’abriter ces réseaux de neurones, sans que cela dérive de manière directe et univoque de la théorie.

Pour la GNWT, le contenu de la conscience correspond à la représentation mentale codée dans un réseau neuronal global reliant les régions les plus évoluées du cortex (notamment préfrontale et pariétale). La perception d’un stimulus commence par une étape non consciente focalisée dans une région corticale sensorielle spécialisée. Lors d’une seconde étape (vers 250-300 millisecondes), cette représentation accède à l’espace de travail neuronal global (GNW) et devient disponible pour chacune des régions qui composent cet espace unifié. C’est cette « ignition » qui correspond à la prise de conscience du stimulus en question.

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