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« Sans une réflexion de fond sur la pertinence et l’efficacité de la dépense publique, la France ne pourra jamais sortir du cercle vicieux de la dette »

Dans tout juste un an, la France va passer un cap peu glorieux. Pour la cinquantième année d’affilée, le gouvernement présentera un budget en déficit. Plus que l’incapacité du pays à ajuster ses dépenses à ses recettes durant un demi-siècle, c’est l’effet cumulatif qui donne le vertige, en aboutissant à une montagne de dette dépassant désormais les 3 000 milliards d’euros.

Si l’on se réfère au rythme de désendettement qui est anticipé dans la loi de programmation des finances publiques (la trajectoire budgétaire jusqu’en 2027), cinquante ans, c’est également le temps qu’il faudra pour faire repasser le niveau de la dette sous la barre des 60 % du PIB, comme l’exigent nos engagements européens.

En attendant, Bruno Le Maire présentera mi-octobre devant l’Assemblée nationale le 49ᵉ budget de cette désespérante série. « La première marche ambitieuse pour accélérer le désendettement de notre pays et réduire notre dépense publique », clame le ministre de l’économie. Voire ! Malgré l’« ambition » revendiquée, la France devra encore emprunter 285 milliards d’euros pour boucler ce projet de loi de finances. Cela n’empêche pas une partie de la gauche de continuer à parler de « politique d’austérité ». Défense de rire.

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Sur les 16 milliards d’économies fièrement affichés pour 2024, 90 % du montant correspond à la suppression des aides exceptionnelles liées à la lutte contre l’inflation. Autrement dit, la prouesse est un fusil à un coup : dès l’année suivante, il faudra trouver d’autres expédients pour espérer satisfaire la feuille de route de la loi de programmation des finances publiques, qui prévoit 12 milliards d’économies chaque année jusqu’en 2027 !

Inconséquence collective

La méthode du gouvernement consiste à regarder systématiquement le verre à moitié plein. Croissance, inflation, taux d’intérêt, capacité à faire des économies : toutes les hypothèses sont fondées sur un scénario rose qui n’est partagé par aucun institut de conjoncture. Même avec cet alignement des planètes relativement improbable, la France ne fera que revenir tout juste dans les clous du pacte de croissance et de stabilité européen en passant sous les 3 % de déficit en 2027. Le niveau de dette, lui, resterait quasi inchangé.

L’exploit est assez relatif : nous serions le dernier pays européen à atteindre cet objectif de déficit. Malgré cela, il a été impossible de trouver une majorité au Parlement pour voter le texte, obligeant la première ministre à activer l’article 49.3 de la Constitution, alors que son adoption est une condition sine qua non pour bénéficier du plan de relance européen. Cette absence de consensus politique illustre notre inconséquence collective au sujet de la dette.

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