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Climat : à quel point la géothermie peut-elle être utile ?

Un site de géothermie profonde dans l’Est de la France, à Reichstett, en 2020.

Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 heures. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur Humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement ici :

« Merci beaucoup pour Chaleur humaine. Je viens d’écouter le podcast sur les énergies renouvelables. Mais pourquoi n’évoquez-vous pas la géothermie ? » Question posée par Jean-Alain à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr
« Bonjour, vous parlez beaucoup dans vos podcasts de l’électricité mais assez peu de la chaleur, qui est pourtant très importante, est-ce que la géothermie peut représenter une alternative sérieuse au gaz ou au fioul ? » Question posée par Nathalie à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr

Ma réponse : Oui, la géothermie – l’utilisation de la chaleur présente dans le sous-sol – peut jouer un rôle dans la transition. En France, elle se développe, et le potentiel est là, mais des obstacles concrets font que son développement est lent. Par contre, dans plusieurs pays, elle occupe déjà une large part du bouquet énergétique.

1) Pourquoi la géothermie peut être utile

La géothermie consiste à exploiter la chaleur naturellement présente dans le sous-sol. On parle de géothermie de surface (entre 0 et 200 mètres sous terre) ou de géothermie profonde (au-delà de 200 mètres sous terre). L’idée est que cette énergie est mobilisable en permanence, avec très peu d’émissions de gaz à effet de serre, et peut utilement remplacer l’usage de gaz ou de fioul pour le chauffage. (Si vous voulez savoir comment ça marche vraiment, cette vidéo présentée par Fred, de « C’est pas sorcier », peut vous être utile !)

Elle peut être utilisée pour plusieurs usages : le plus courant en France est la pompe à chaleur géothermique, pour chauffer une maison individuelle. Mais on peut aussi réaliser des forages en profondeur pour chauffer tout un quartier, à travers un réseau de chaleur. C’est, par exemple, le cas à Cachan (Val-de-Marne). A 2 000 mètres de profondeur, l’eau se situe à une température entre 55 °C et 80 °C, et une pompe permet de la faire remonter puis circuler à travers la ville pour chauffer des logements et des services publics.

Dernier usage possible : elle peut permettre de produire de l’électricité, comme c’est le cas dans une centrale en Guadeloupe, dans la bien nommée commune de Bouillante.

2) Pourquoi on n’en fait pas plus

La géothermie semble donc une solution à beaucoup de problèmes, mais elle rencontre un certain nombre d’obstacles. D’abord, elle demande un investissement plus important : une pompe à chaleur géothermique coûte cher, et les dispositifs d’aide existent, mais ne couvrent pas la totalité des coûts. Ensuite, comme le rappelle un rapport du Haut-Commissariat au plan, la France manque cruellement de main-d’œuvre de foreurs : le pays en compte aujourd’hui une centaine, alors que pour passer la moitié des maisons individuelles à la géothermie de surface d’ici 15 ou 20 ans, il faudrait plus de 2 000 spécialistes. Par ailleurs, la cartographie des forages possibles est aujourd’hui insuffisante, note le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), notamment dans des régions où la géothermie est peu présente (dans le sud-est de la France, notamment). Enfin, la construction de réseaux de chaleur dans une ville est un processus lent et coûteux, qui nécessite un soutien fort des pouvoirs publics pour réaliser des travaux d’ampleur dans une ville.

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