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Transition climatique : « Il n’y a pas d’autre chemin pour sortir des énergies fossiles qu’une nouvelle révolution industrielle »

Au-delà des décisions techniques annoncées ces jours-ci par la première ministre, puis par le président de la République, c’est la bataille culturelle autour des enjeux écologiques qui va être décisive dans les années qui viennent. Le sujet a été absent des élections passées. Il risque d’être très présent, mais sous des formes inquiétantes, dans le futur, présidentielle comprise.

La volonté affirmée du Rassemblement national de prôner une « écologie du bon sens », une « écologie de la joie de vivre », réactivant la division entre les bobos urbains et les classes populaires rurales, est un danger majeur, malheureusement alimenté par des mesures antisociales comme les zones à faibles émissions, ou mal ficelées comme le zéro artificialisation nette, sans compter, bien sûr, les radicalismes contre-productifs de tout poil.

Mais il y a un deuxième front dans cette bataille. Les mouvements environnementalistes portent dans leur ADN une méfiance fondamentale et compréhensible à l’égard de la voie industrielle, de ses excès, de ses dégâts. Or, nous comprenons aujourd’hui qu’il n’y a pas d’autre chemin pour sortir des énergies fossiles qu’une nouvelle révolution industrielle, d’ampleur absolument inédite, dont les opinions publiques n’ont pas conscience, parce que personne n’ose le dire clairement.

Accepter cela n’est pas facile pour beaucoup de militants. Comme le note l’historien et économiste britannique Adam Tooze : « Le discours habituel sur la transition énergétique sous-estime considérablement l’ampleur du défi industriel, politique et social. Celui-ci est sans précédent. Le relever vraiment serait l’un des actes collectifs de gouvernement les plus spectaculaires jamais accomplis. »

La question des énergies renouvelables

En France, on débat surtout du nucléaire, mais la question cruciale immédiate est celle des énergies renouvelables (EnR) électrique, solaire, éolienne terrestre et maritime. C’est le test où se jugera le sérieux de notre politique climatique. Sur le papier, les choses sont claires : aucune trajectoire raisonnable (excluant le tout-nucléaire) ne nous permettra d’atteindre les objectifs climatiques nationaux et européens sans un développement relativement massif de ces énergies, si impopulaires soient-elles.

Si l’on ajoute le critère essentiel d’urgence (le renouveau du parc nucléaire prendra beaucoup de temps, alors que le basculement vers les renouvelables peut être rapide), le choix s’apparente à une ardente obligation, malgré les problèmes restants, qu’ils soient réels – comme la dépendance industrielle vis-à-vis de la Chine – ou en partie fictifs, comme les goulots d’étranglement en métaux stratégiques.

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