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Laurent Wauquiez, ou la critique calculée d’Emmanuel Macron

Laurent Wauquiez, Michèle Tabarot (à gauche) et Eric Ciotti (à droite), lors de la rentrée politique des Républicains au Cannet (Alpes-Maritimes), le 28 septembre 2023.

Dans un calendrier classique, une rentrée politique s’effectue fin août ou début septembre, période idéale pour combiner météo clémente et présence des derniers vacanciers. Mais depuis deux ans, Laurent Wauquiez cultive la rareté et le décalage. Lors de sa traditionnelle montée du mont Mézenc (entre la Haute-Loire et l’Ardèche), le 3 septembre, il s’était contenté de quelques mots sur le paysage. Un mois plus tard, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes va prendre la parole, dimanche 1er octobre à Valence, à l’occasion du campus organisé par les jeunes militants du parti Les Républicains (LR). « Un vrai discours politique d’une trentaine de minutes », promet leur président, Guilhem Carayon.

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A droite, on a fini par s’habituer aux silences du candidat putatif à l’élection présidentielle de 2027. Les éternelles sceptiques soulignent des sondages en berne, quand ses partisans – comme le président de LR, Eric Ciotti – voient en lui le plus capé et l’espoir d’un retour aux affaires après quinze ans d’opposition. « Laurent fera passer le message d’une détermination intacte », espère Yannick Neuder, député de l’Isère.

Le Wauquiez nouveau ne commente plus. Cette stratégie classique de prise de recul s’accompagne aussi d’une critique plus mesurée d’Emmanuel Macron. A Valence, son discours ne sera pas un long réquisitoire contre l’action du président de la République. Une inflexion déjà à l’œuvre lors de ses quelques sorties médiatiques. En juin, il reconnaît à M. Macron « d’avoir incarné la France à l’étranger » dans un entretien au Point. Un mois plus tard, il évoque dans Le Figaro « un déni de réalité » de la part du chef de l’Etat sur les émeutes urbaines, mais propose aussi « de faire l’union sacrée autour de mesures fortes sur l’immigration, la sécurité et le mérite ».

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Dans la majorité, la démarche interroge. « Je ne comprends pas trop son appel du pied au gouvernement alors que les LR tapent comme des sourds sur la majorité », s’étonne alors le sénateur Horizons, Claude Malhuret. L’ancien président de LR (2017-2019) récuse vouloir proposer tout accord avec l’exécutif. Il laisse à d’autres le soin de cogner sur Emmanuel Macron, à l’image d’Olivier Marleix, le chef du groupe à l’Assemblée nationale. « Un député doit se positionner par rapport à la majorité, explique M. Neuder. Laurent ne va pas proposer une vision à long terme pour la France en tapant systématiquement sur Macron, qui ne sera plus dans le film dans quatre ans. »

Critique du système

Par le passé, Laurent Wauquiez s’est pourtant montré plus mordant. En octobre 2017, l’agrégé d’histoire dresse un portrait cruel pour Le Journal du dimanche du président élu, qu’il dépeint comme un Bel-Ami ou un Rastignac, ces archétypes d’opportunistes aventuriers dans les romans de Guy de Maupassant et d’Honoré de Balzac. « Je ne sens pas chez lui un amour charnel pour la France. Il dit n’être ni de droite ni de gauche et je pense que c’est profondément vrai. C’est un vide », étrille-t-il, reprenant une antienne populiste.

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