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Se libérer de la douleur avec une vraie spécialité, moins de molécules et plus de pratique libérale

Tribune. En France, 14 millions de personnes souffrent de douleur chronique, 70 % sont mécontentes de leur prise en charge et 3 % seulement accèdent à l’un des 300 centres de la douleur chronique. Quatre-vingts millions de journées de travail se trouvent affectées par ce fléau, avec, au bas mot, un préjudice de 1,2 milliard d’euros par an. Le constat est dramatique et l’addition salée.

Le système français – exemplaire dans les années 1990 grâce à ses différents plans concernant la douleur – est aujourd’hui à bout de souffle. La précarité, la sédentarité, la solitude et la sénescence – ces trois « S » qui sifflent sur nos sociétés occidentales – viennent assombrir un tableau déjà préoccupant.

Les ressources financières et humaines de plus en plus « anémiées » de cette spécialité, l’algologie – qui tarde à être officiellement reconnue –, sont une des explications les plus communément admises. D’autre part, cette médecine de la douleur souffre d’un maillage géographique insuffisant et, surtout, hospitalo-centré. L’offre n’a jamais pu se développer en ville, en raison d’une tarification « non rentable », et les structures hospitalières publiques sont saturées, avec des délais d’attente devenus indécents. Six mois pour une première consultation est aujourd’hui la norme, si toutefois la structure accepte de nouveaux patients.

Des dispositifs de neuromodulation

Enfin, s’agissant de la thérapeutique, cette prise en charge de la douleur chronique repose, pour le médecin généraliste, en première ligne, presque exclusivement sur les médicaments. Cette réponse unique a le mérite d’être commode pour le praticien et son patient : rapidité de prescription pour l’un et absence d’implication pour l’autre. Pourtant, la faible efficacité de cette antalgie chimique, en particulier pour les douleurs neuropathiques, est de mieux en mieux documentée, tandis que les effets indésirables (effets sur l’humeur ou la concentration, incompatibilité avec la conduite automobile, mésusage…) ont des répercussions psychosociales indéniables. Les morphiniques illustrent ce constat, et le demi-million de morts aux Etats-Unis liées à la crise des opioïdes nous alerte sur les dangers d’une culture du médicament trop prégnante.

Des solutions existent et découlent, point par point, de ce constat. L’algologie doit rejoindre sans plus tarder les autres disciplines médicales « à part entière », afin d’être correctement enseignée à la faculté. Moins d’une dizaine d’heures, au cours des six ans d’études médicales, sont consacrées à la douleur, pourtant premier motif de consultation chez le médecin généraliste. Cette structuration permettra, enfin, à cette discipline de bénéficier de moyens humains et financiers comparables à ceux des spécialités « officielles ».

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