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En Moselle, les efforts récompensés des bénévoles du rail

Marcel Gerold (à gauche) et Denis Laurent, de l’association T2SB, le 22 septembre 2023. Les beaux jours, les promeneurs peuvent louer des vélorails sur l’ancienne ligne SNCF reliant la gare de Bitche à Sarreguemines.

Au cœur de la forêt, on tombe sur une voie ferrée. Difficile de dire si elle est abandonnée. Les rails sont dégagés, quelques fleurs jaillissent des cailloux, et parfois, de jeunes pousses d’épicéa pointent entre les traverses en bois. C’est alors qu’un vélorail déboule, draisine d’acier avec deux postes de pédalage comme sur un vélo. A son bord, la famille Strassel, tout sourire, apprécie l’idyllique mais bruyante balade. Partis depuis la gare de Bitche, ils vont parcourir 7 kilomètres aller-retour le long de ravins et au creux de canyons. « Je prenais cette ligne pour aller au lycée à Bitche », se rappelle la plus jeune de la famille originaire d’Enchenberg, à 12 kilomètres de Bitche.

Depuis 2014, les 5 000 habitants de cette commune de la Moselle ne voient plus passer de train. Le tronçon entre Sarreguemines et Niederbronn-les-Bains, traversant d’ouest en est le pays de Bitche, n’est plus desservi que par des autocars. Pourtant, les 60 kilomètres de chemin de fer ne sont pas tous abandonnés. Une infime partie, 3,5 kilomètres depuis la gare de Bitche vers Sarreguemines, résiste toujours aux ronces et à la broussaille, fruit du travail d’une quinzaine d’irréductibles.

A coups de machette, de sécateur, de débroussailleur, ces bénévoles réunis au sein de l’association T2SB (Train touristique Sarreguemines Bitche) nettoient inlassa­blement chaque mètre carré du tronçon. « Pour maintenir une ligne en vie, il faut l’occuper », affirme Sonny Sadler, 72 ans, ancien conducteur de train aux Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) et président de T2SB. Désormais locataire de ce bout de ligne et de la gare de Bitche auprès de la SNCF, T2SB a attiré, entre mai et septembre 2023, plus de 1 600 visiteurs sur ses vélorails.

Les beaux jours terminés, les voies retrouveront la quiétude de l’abandon. La nature grappillera à nouveau du territoire… Mais peut-être plus pour longtemps. La région Grand-Est vient de choisir ce tronçon pour accueillir le test d’un nouveau train, avec des passagers embarquant depuis la gare de Bitche. Alimenté par des batteries électriques, le Draisy, c’est son nom, sera deux fois plus léger et cinq fois moins cher à exploiter qu’un TER classique, promet son constructeur, le groupe alsacien Lohr. Une solution calibrée pour les 9 000 kilomètres de lignes rurales fermées ou en difficulté dans tout le pays.

Un âge d’or et de charbon

Mise en service en 1869, la ligne Sarreguemines – Niederbronn-les-Bains acheminait le charbon extrait des mines du nord de la Lorraine et passait par Bitche, alors un pôle administratif, économique et militaire important. « Il y avait un buffet à la gare, se rappelle Denis Laurent, ancien mineur des HBL. Il tournait jour et nuit toute l’année jusque dans les années 1950. Les gens des villages alentour venaient ici en train avant que la voiture ne se démocratise. »

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