Close

« Derrière le voile, dans les coulisses de la commission Stasi », sur Public Sénat : il y a vingt ans, vingt membres au chevet de la laïcité

Bernard Stasi dans le documentaire « Derrière le voile, dans les coulisses de la commission Stasi » (2003), de Dorothée Thénot.

PUBLIC SÉNAT – SAMEDI 30 SEPTEMBRE À 21 HEURES – DOCUMENTAIRE

En septembre 2003, le port du voile musulman à l’école agitait pour la première fois la société française. Au point que le président Jacques Chirac demandait à une commission de vingt membres – présidée par Bernard Stasi, médiateur de la République – de se pencher en toute indépendance sur le problème, et de lui remettre rapidement un rapport sur la nécessité, ou non, de légiférer.

A l’époque, Dorothée Thénot filme, pour la chaîne parlementaire, les trois mois de débats et les 150 auditions qui vont se tenir au Sénat, à huis clos. La liberté de ton des intervenants et le rendu du cheminement de leur réflexion en font une source d’informations rare, à ne pas manquer.

Bref rappel. L’« affaire du foulard » naît à Creil (Oise) à la rentrée 1989, lorsque l’entrée au collège est interdite à trois élèves portant un voile islamique. Elle connaît plusieurs répliques jusqu’à l’exclusion, en cette rentrée 2003, de deux élèves voilées du collège d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

« Arrivée du communautarisme »

Bernard Stasi est secondé par Rémy Schwartz, rapporteur général. Avec eux, les profils sont éclectiques : philosophes et écrivains, tels Henri Pena-Ruiz, Gilles Kepel, Régis Debray – qui se montre plutôt fuyant ici ; le sociologue Alain Touraine ; la proviseure de lycée de Dammarie-lès-Lys (Seine-et-Marne), Ghislaine Hudson, dont les interventions vont s’avérer décisives, comme celles d’Hanifa Cherifi, médiatrice auprès de l’éducation nationale, notamment lorsqu’elle distingue le voile (hidjab, qui signifie « cacher ») du foulard (un ornement).

Au début du film, le corps enseignant réclame des règles claires, devant un auditoire majoritairement réticent à proposer une nouvelle loi. Les témoignages du terrain vont faire évoluer les jugements. « Je ne m’attendais pas à l’unanimité de la dégradation de la situation sociale, qui se traduit par l’arrivée du communautarisme dans tous les services publics », résumera Rémy Schwartz, alors que l’égalité femmes-hommes va aussi s’inviter dans le débat.

Des images d’archives rendent compte des prises de parole de Dalil Boubakeur, alors président du Conseil français du culte musulman, et de politiques, divisés sur la laïcité au-delà du clivage droite-gauche : François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Pierre Mauroy, Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin…

Tous les points de vue sont écoutés, de Saïda Kada, coautrice avec Dounia Bouzar de L’Une voilée, l’autre pas (Albin Michel, 2003), à Chahdortt Djavann (Bas les voiles !, Gallimard, 2003). L’impartialité des membres est toutefois mise en doute à une ou deux reprises. De même, le traitement médiatique. Deux fuites exaspèrent les membres de la commission Stasi : qui est la taupe ?

La loi d’interdiction des signes ostensibles – et non ostentatoires – dans les écoles publiques françaises, adoptée en mars 2004, sert aujourd’hui de socle à l’interdiction de l’abaya et du qamis.

Derrière le voile, dans les coulisses de la commission Stasi, documentaire de Dorothée Thénot (Fr., 2004, 52 min). Suivi d’un débat.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top