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L’autonomie en Corse, une idée vieille de soixante ans

Un panneau de circulation a été recouvert par des autocollants « Autonomie ! », le 28 septembre 2023, à Ajaccio, en Corse.

Il aura fallu un demi-siècle pour que la Corse passe de simples revendications régionalistes à des discussions pour édifier un statut en vue de l’autonomie. Ce projet, c’est l’idée politique structurée par Max Simeoni (décédé le 9 septembre), pilier en 1967 de la toute jeune Action régionaliste corse (ARC). Ce médecin est l’une des plumes du manifeste « Autonomia, pour que vive le peuple corse », en 1974, qui trace les conditions de l’autonomie interne dans le cadre de la République.

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« Max Simeoni défendait très clairement la reconnaissance du peuple corse, de sa langue, de sa culture, qui contenait la maturation du sentiment nationaliste en Corse », indique l’eurodéputé Vert François Alfonsi. En cela, « il s’inspirait de territoires échappant au jacobinisme, comme les Açores, Madère ou la Sardaigne et la Sicile ».

L’aspiration à l’autonomie passe de la théorie à la pratique le 21 août 1975, lors des événements d’Aléria (Haute-Corse), l’occupation d’une cave viticole qui s’achève dans le sang, avec deux gendarmes tués et un militant nationaliste blessé. L’artisan d’Aléria est le frère de Max Simeoni, Edmond Simeoni (père de l’actuel président de l’exécutif). Parallèlement, la création du Front de libération nationale corse (FLNC) le 5 mai 1976 ancre la violence dans l’espace public corse.

Décentralisation et délibération

Les trois statuts de décentralisation, ceux de 1982 impulsés par Gaston Defferre, puis par Pierre Joxe en 1991 et, enfin, par Lionel Jospin, par le biaisa du processus de Matignon entre 1999 et 2002, transfèrent des compétences à l’Assemblée de Corse.

Depuis l’élection des nationalistes dans cette Assemblée en 2015, le président, Gilles Simeoni, plaide pour une « autonomie de plein droit et de plein exercice ». « Quand on parle d’autonomie, en droit, on évoque la capacité législative, c’est-à-dire de pouvoir faire ses propres lois », rappelle la professeure de droit public Wanda Mastor. Cette capacité normative exclut les prérogatives régaliennes de l’Etat.

Après les émeutes de mars 2022 liées à l’agression mortelle en prison d’Yvan Colonna, condamné pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, venu éteindre l’incendie corse à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, ouvre un processus de discussions « pouvant aller jusqu’à l’autonomie ».

Le 5 juillet 2023, l’Assemblée de Corse vote une délibération posant la « reconnaissance du peuple corse », un statut de « coofficialité pour sa langue » et un statut de résident pour graver dans le marbre le lien « entre le peuple et sa terre ». A Ajaccio, jeudi 28 septembre, Emmanuel Macron a déclaré vouloir discuter de tout « sans totem ni tabou » ; M. Simeoni a salué une « référence claire à un statut d’autonomie pour la Corse, bien que tout reste à faire ».

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