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« Evergrande n’est pas le seul promoteur immobilier chinois à se retrouver en enfer »

Les Cantonais l’appellent Hui Ka Yan, les Pékinois Xu Jiayin, son nom en mandarin. Il est né dans un petit village du Henan, au centre de la Chine. Son père, un vétéran de la guerre contre les Japonais, y vendait du bois. Bon élève, il devient ingénieur et intègre les sociétés d’Etat. Rapidement, il démissionne et part dans le sud, vers Shenzhen puis Canton, là ou l’argent et les opportunités coulent à flots en cette fin des années 1990.

Il fonde le groupe Evergrande en 1997. Vingt ans plus tard, il devient l’homme le plus riche de Chine, avec une fortune évaluée à près de 40 milliards d’euros. Il possède le club de football du Guangzhou et décide, en 2019, de se lancer dans la production de voitures électriques. Connaisseur des usages, il est membre de l’élite du Parti communiste et s’appuie sur ses connexions en haut lieu. Il est aujourd’hui retenu par la police et son entreprise est au bord de la liquidation.

A la suite de la publication, par l’agence Bloomberg, de la nouvelle de son interpellation, la cotation à la Bourse de Hongkong des différentes entités d’Evergrande a été immédiatement suspendue, mercredi 27 septembre. L’entreprise, deuxième plus important promoteur immobilier du pays, est en voie de s’effondrer sous le poids de sa dette : près de 307 milliards d’euros. Elle a rendez-vous le 30 octobre avec la justice hongkongaise pour statuer sur son éventuelle liquidation.

Pertes de change

Evergrande n’est pas le seul promoteur immobilier à se retrouver en enfer. En effet, Country Garden, Sunac et bien d’autres se retrouvent prisonniers de leurs dettes. Les autorités ont décidé de resserrer les conditions de crédit pour assainir le marché et punir tous ces magnats de l’immobilier qui se sont crus les maîtres du monde. Mais au même moment, le marché s’est retourné avec la crise due au Covid-19 et la perte de confiance d’acheteurs de moins en moins nombreux.

Comme si cela ne suffisait pas à leur malheur, la politique monétaire du pays joue également contre eux. Selon le quotidien japonais Nikkei, plus du quart de la dette d’Evergrande est libellé en dollars. Or la monnaie chinoise, le renminbi, est à son plus bas niveau par rapport à la monnaie américaine depuis seize ans. Résultat : des pertes de change qui grèvent encore les comptes et de l’argent frais plus difficile à trouver.

L’agence de notation Moody’s a ainsi dégradé l’ensemble du secteur immobilier chinois. Il est évidemment hors de question que Pékin modifie sa politique de taux bas, responsable de la chute du renminbi, pour complaire à quelques mégalomanes du business. Mais le pouvoir suit néanmoins cette affaire comme le lait sur le feu afin d’éviter qu’elle n’aggrave encore la situation d’un secteur qui représente, à lui seul (en incluant la construction), plus du quart de l’économie nationale. Pour Xi Jinping, les belles histoires comme celle de Xu Jiayin appartiennent désormais au passé.

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