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Elisabeth Borne, une première ministre « dure au mal » mais fragilisée

Elisabeth Borne, lors des journées parlementaires des groupes Renaissance et Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, à Louan-Villegruis-Fontaine (Seine-et-Marne), le 14 septembre 2023.

Lorsqu’elle monte sur la petite estrade installée au cœur du jardin botanique de Tourcoing (Nord), ce dimanche 27 août, Elisabeth Borne, veste bleu charrette, a la voix qui tremble. La première ministre reprend peu à peu le contrôle, portée par un discours aux flèches ciselées en direction de sa cible : le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. « Gérald (…), nous connaissons les difficultés des Français pour les avoir vécues », attaque-t-elle, évitant de croiser le regard de l’intéressé, assis en face d’elle.

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Marri de n’avoir pas été nommé à Matignon, le locataire de la Place Beauvau s’est lancé dans une offensive politique, en cette rentrée estivale, en rassemblant ses soutiens dans son fief nordiste. Mettant en avant ses origines populaires, il s’inquiète de la déconnexion du gouvernement, à même de faire, dit-il, le lit d’une victoire du Rassemblement national lors de l’élection présidentielle de 2027. « On ne s’intéresse pas aux classes moyennes et à la France populaire par calcul, comme le fait le Rassemblement national », le sermonne Mme Borne. Tout ce qui porte atteinte à l’unité de la majorité revient à « paver nous-mêmes le chemin des extrêmes », assène-t-elle.

Ultime soufflet, la cheffe du gouvernement fait applaudir un absent, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, rival pressenti de M. Darmanin dans la perspective de 2027… « Dès qu’elle peut rappeler à Darmanin “qui c’est Raoul”, Elisabeth Borne est contente », soupire le député (Renaissance) des Yvelines Karl Olive, proche du ministre de l’intérieur, en évoquant la réplique des Tontons flingueurs. « Elle a pris la confiance », cingle un conseiller de l’Elysée.

L’automne de tous les dangers

Un mois plus tard, Elisabeth Borne a perdu de son assurance estivale. Comme en 2022, la voici qui s’apprête à déclencher une longue série de 49.3 à l’Assemblée nationale. Cet article de la Constitution, dont elle s’est servie pour faire adopter sans vote la loi de programmation des finances publiques, mercredi 27 septembre au soir – après y avoir déjà eu recours onze fois depuis son arrivée à Matignon, en mai 2022 –, doit également lui permettre de faire approuver le budget de son gouvernement dans les prochaines semaines.

Un long chemin de croix va s’étirer jusqu’à la fin de la séquence budgétaire au Parlement, en décembre, ponctué par le dépôt de motions de censure par les oppositions, à l’instar de celle de la gauche, mercredi soir. En mars, après la réforme des retraites, seules neuf voix avaient évité que le gouvernement ne soit renversé. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ? « On verra », répondait la première ministre lors d’une rencontre avec Le Monde, fin septembre.

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