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Inciter sans contraindre : Emmanuel Macron dessine les contours de son « écologie à la française »

Emmanuel Macron, lors de l’ouverture d’une réunion spéciale sur le climat à l’Elysée, à Paris, le 25 septembre 2023.

Mettre des mots sur des trajectoires et dépeindre un avenir concret à partir de tableaux Excel… Lundi 25 septembre, Emmanuel Macron s’est plié à un exercice attendu depuis des mois. Pendant un an, le secrétariat général à la planification écologique lui avait construit des graphiques des réductions attendues des émissions de gaz à effet de serre, secteur par secteur. Une façon de paver le chemin de la neutralité carbone en 2050 avec un premier objectif : la baisse des émissions de CO2 de 55 % en 2030 par rapport à 1990. En conclusion d’un conseil de planification écologique, entouré de sa première ministre et des membres du gouvernement concernés par ces sujets, le président de la République a donc pris la parole pour présenter sa vision d’une « écologie à la française » censée répondre à un triple défi, « celui du dérèglement climatique et de ses conséquences, celui d’un effondrement de notre biodiversité et celui (…) de la rareté de nos ressources », selon ses mots.

Au pied de cette montagne d’enjeux créée par le réchauffement planétaire, ce « portage » politique était réclamé par les défenseurs de la cause climatique, par les scientifiques et par l’aile gauche de la majorité. Pendant une trentaine de minutes, le chef de l’Etat a dévoilé un peu plus sa philosophie de la transition écologique. Une doctrine où toute idée de contraintes ou de changements sociétaux est repoussée. « Nous avons décidé d’encourager nos compatriotes, sans interdiction, mais en les incitant à changer plus vite », a-t-il ainsi assumé au sujet des chaudières à gaz. Comme un résumé de sa pensée. En mai 2023, Elisabeth Borne avait pourtant évoqué une interdiction de ce type de chauffage en 2026.

Des sujets comme la limitation de la vitesse à 110 km/h sur l’autoroute – proposée par la convention citoyenne pour le climat en 2019 et toujours demandée par de nombreuses associations –, la consommation de viande ou l’usage de l’avion n’ont même pas été abordés. Le chef de l’Etat s’est contenté de parler de façon très vague d’« une politique de transformation de tous les comportements ».

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Selon plusieurs de ses conseillers, le président de la République, qui avait demandé il y a quelques jours qu’on lui réimprime le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et celui – très sévère contre sa politique – du Haut Conseil pour le climat, est conscient que les modes de vie seront à terme amenés à évoluer. Mais il ne veut pas que ces changements se fassent dans « des ruptures ». Traumatisé par le mouvement des « gilets jaunes » de l’hiver 2018-2019, M. Macron aurait également été récemment marqué de voir l’extrême droite allemande monter dans les sondages en menant la bataille contre l’interdiction des chaudières à gaz et au fioul.

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