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Jean-Luc Mélenchon : la stratégie de l’attaque pour torpiller la Nupes

Jean-Luc Mélenchon lors les journées d’été de La France insoumise, à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme), le 25 août 2023.

Trois jours après sa publication, le message infamant avait complètement disparu de Facebook. Mais l’attaque laissera une trace indélébile. « L’histoire se répète et il y a du Doriot dans Roussel », avait injurié la députée « insoumise » de Paris Sophia Chikirou, jeudi 21 septembre, comparant Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), à Jacques Doriot, membre du PCF ayant basculé à l’extrême droite dans les années 1930, avant de collaborer avec l’Allemagne nazie et de rejoindre la Wehrmacht. La métaphore, approuvée et relayée par Jean-Luc Mélenchon sur le même réseau social, a entraîné une vive indignation à gauche.

« Roussel n’est pas Doriot. Le débat, ce n’est pas le pugilat », a dénoncé le chef de file socialiste, Olivier Faure. « Stop, peu importe qu’on s’aime ou non, entre partenaires, on se respecte », a enchaîné la présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain. « Halte au feu », a ajouté la députée La France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain, en opposition plus ou moins directe avec la direction de son parti. Fabien Roussel a, lui, dénoncé « un appel à la violence » et « à la haine », scandalisé d’être « comparé à un nazi ».

Le président de la République a lui-même condamné, dimanche 24 septembre, au journal télévisé du « 20 heures », sur TF1 et France 2, un propos qui bénéficie « aux démagogues et aux extrêmes ». « On doit lutter contre tous les excès, toutes les démagogies, toutes les violences, a sermonné Emmanuel Macron. Elles commencent en étant verbales et elles finissent dans la rue. Je suis leur ennemi. »

Discréditer ses partenaires

L’offense endossée par Jean-Luc Mélenchon devrait creuser encore davantage la fracture qui déchire la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Voilà des mois que le triple candidat à la présidentielle exacerbe les tensions au sein de l’alliance à gauche. Cet été, il avait, le premier, cité le collaborationniste dans un billet de blog particulièrement virulent à l’égard de ses partenaires de gauche. « Comme chaque fois, la gauche ne traverse jamais l’épreuve en restant indemne ! Le socialiste Marcel Déat ou le communiste Jacques Doriot l’ont montré dans le passé », écrivait-il, en comparant aux deux collaborationnistes ses alliés qui refusaient de participer aux manifestations interdites contre les violences policières, à la suite des émeutes urbaines durant lesquelles il avait refusé d’appeler au calme.

L’anathème n’est pas nouveau. « Quand, à gauche, on n’est pas content d’un rival, on dit “c’est Doriot, c’est Déat”. C’était déjà le cas à l’encontre de Chevènement, considéré comme le patriote de service dans les années 1980 », relève l’historien Laurent Joly, spécialiste de la période vichyste. Le directeur de recherches au CNRS rappelle que Jacques Doriot a basculé dans l’extrême droite après avoir été exclu du PCF. « Sa dérive fasciste est vraiment liée à l’Occupation, qui reste une tâche sombre de notre histoire », achève-t-il.

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