Close

Eolien en mer : les nuages s’amoncellent sur la filière

En flânant cet été entre les bruyères du cap Fréhel, dans les Côtes-d’Armor, les promeneurs ont pu apercevoir du haut des falaises, par temps clair, leurs grandes pales immobiles, à une quinzaine de kilomètres à l’horizon. Bientôt, les éoliennes de la baie de Saint-Brieuc commenceront à tourner et à produire de l’électricité. Comme celles en cours d’assemblage au large de Fécamp (Seine-Maritime). En ce mois de septembre, 80 % des moulins à vent bretons construits par l’énergéticien espagnol Iberdrola sont prêts, de même que 50 % de leurs équivalents normands assemblés par EDF Renouvelables. Leur mise en service doit intervenir d’ici au mois de décembre, un an après ceux de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), premier champ éolien offshore de l’Hexagone.


Mais, à l’approche de l’automne, les orages assombrissent le ciel au-dessus de la Manche, faisant disparaître au regard les turbines géantes. Difficile de ne pas y voir une métaphore des nuages qui s’amoncellent au-dessus de l’éolien en mer dans le monde entier, provoquant un vent de panique au sein d’une filière encore jeune et prise, jusqu’ici, d’euphorie.

Le 20 juillet, l’opérateur suédois Vattenfall a stoppé son projet de ferme éolienne au large du comté de Norfolk, dans l’est de l’Angleterre. « La hausse de l’inflation et des taux d’intérêt affecte l’ensemble du secteur de l’énergie, mais la situation géopolitique a rendu l’éolien en mer et sa chaîne d’approvisionnement particulièrement vulnérables », a déclaré sa patronne, Anna Borg.

En quelques mois, les coûts des turbines ont augmenté de 40 % du fait de la fièvre qui s’est emparée de l’acier et du cuivre en particulier, et la subvention proposée initialement par les pouvoirs publics pour équilibrer l’équation du projet « ne reflète plus les conditions du marché », d’après elle.

Signaux d’alerte dès 2022

Au début de l’été, aux Etats-Unis, l’anglo-néerlandais Shell, en association avec Engie, de même qu’Iberdrola, à travers sa filiale Avangrid, avaient pour leur part résilié des contrats d’achat d’électricité relatifs à deux projets de fermes éoliennes au large du Massachusetts, 1,2 gigawatt chacune, qui vont s’en trouver retardés, le temps de négocier un nouveau tarif. Raisons invoquées : les coûts imprévus de la chaîne d’approvisionnement et du financement, qui affectent « l’ensemble du secteur de l’éolien en mer » et rendent les contrats « irréalisables » en l’état.

Iberdrola a, en outre, reporté pour le même motif un autre projet dans le Connecticut. « Le tableau n’est plus aussi rose que ce que tout le monde imaginait encore récemment », avait alors lâché Samantha Woodworth, analyste au cabinet Wood Mackenzie, observant que « de nombreux opérateurs » de parcs éoliens en devenir cherchaient à renégocier leurs contrats d’achat d’électricité.

Il vous reste 75.67% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top