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« Pourquoi se soucier des générations à venir ? »

Quelles sont, en vérité, nos bonnes raisons de démentir la blague de Groucho Marx (1890-1977) : « Mais pourquoi s’occuper des générations à venir ? Est-ce qu’elles se sont occupées de nous ? » Eh bien, voici aujourd’hui un chantier très actif de la philosophie morale, cette branche de la philosophie que certains accusent de bavardage, mais qui pourtant, au fil des siècles, a changé en profondeur nos sociétés, leur permettant d’être plus ouvertes et inclusives.

A cette question on pourrait répondre rapidement : nul besoin de philosopher, on aime nos enfants et nos petits-enfants et ce qui peut leur arriver nous concerne au premier chef. Oui, nos enfants et petits-enfants, mais allons-nous vraiment au-delà ? Il est frappant de voir que nos sociétés ont très fortement élargi leur horizon spatial, en raison de la mondialisation et de l’incroyable ouverture des moyens de communication. Ce qui arrive sur les côtes libyennes ou au Maroc ces jours-ci nous concerne bien plus que cela aurait été le cas il y a un siècle.

Mais cela semble se faire au détriment de notre horizon temporel, qui s’est rétréci. Nos sociétés sont dans la trépidation du moment présent. A l’époque, quand démarrait le chantier d’une cathédrale, on partait pour un siècle et demi de travaux.

La recherche du bien-être maximum

Nous vivons beaucoup plus longtemps qu’autrefois ce qui nous donne l’impression de traverser l’histoire à nous tout seuls. Nous prêtons beaucoup moins qu’autrefois attention à nos ascendants et à nos morts. Le 1er novembre était une date majeure autrefois dans le calendrier de l’année et le culte des morts était très vivace dans des sociétés comme la Chine, avec un sentiment très vif de la transmission entre générations. Tout cela s’est atténué aujourd’hui.

Parmi une immense littérature, je retiens en particulier l’ouvrage de Samuel Scheffler, Why Worry About Future Generations ? (Oxford University Press, 2018). Un premier courant de pensée sur cette question, dit Scheffler, nous vient des philosophes utilitaristes, très actifs dans le monde anglo-saxon et en vogue chez les économistes.

Le principe de base pour eux est la recherche du bien-être maximum pour la population. Il faut leur reconnaître d’avoir été les premiers à étendre le cercle de ce que l’on entend par « population » : tous les humains vivants aujourd’hui, mais aussi ceux qui vivront demain. Ce sont eux aussi à qui l’on doit l’ouverture à des problématiques plus larges telles que les droits moraux des animaux et autres espèces vivantes au-delà de l’humain.

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