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Sénatoriales 2023 : le Rassemblement national en quête d’un siège dans le Pas-de-Calais

Christopher Szczureck (au centre), candidat du RN dans le Pas-de-Calais aux élections sénatoriales, lance sa campagne, à Saint-Pol-sur-Ternoise, le 1ᵉʳ juin 2023.

Il y a plusieurs manières de faire campagne pour les élections sénatoriales dans le Pas-de-Calais. La plus roborative est la méthode dite du « cochon grillé », qui permet de croiser le grand électeur potentiel sur une chaise en plastique, attendant que la braise fasse son office, et donc tout disposé à discuter. La plus dangereuse est celle de la « ducasse », car ces kermesses des Flandres ne s’arrosent pas qu’au jus de fruits, mais la bière d’abbaye a le don de fluidifier les conversations. La plus efficace reste toutefois celle du rendez-vous en mairie, moins joyeuse et plus consommatrice en carburant.

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Christopher Szczurek, candidat du Rassemblement national (RN) aux élections sénatoriales dans le Pas-de-Calais, pense faire son entrée au Palais de Luxembourg en ayant combiné les trois, guidé par les deux maires et six députés d’extrême droite du département.

M. Szczurek, faute d’un poids politique local et du moindre réseau au Sénat, compte sur sa bonhomie et la pénétration des idées lepénistes dans le bassin minier pour obtenir, dimanche 24 septembre, les voix des 400 grands électeurs nécessaires – sur 4 000 votants environ. Seulement 150 sont encartés. Le siège, l’un des quatre que le RN juge atteignables pour faire son retour au Sénat (après l’entrée historique de deux sénateurs du Front national en 2014), tient donc à la séduction de maires de petites communes rurales. Mais pas seulement : il assure avoir conquis des conseillers municipaux de majorités de gauche ou de droite, dans de petites villes. « La nomenclature “divers gauche”, “divers droite” ne veut plus rien dire, affirme le premier adjoint d’Hénin-Beaumont, âgé de 38 ans. Il y a de moins en moins de gens encartés, qui votent comme un seul homme pour le parti. »

« Il reste un interdit »

Pour les attirer, mercredi 20 septembre, ce militant historique du marinisme a fait venir Jordan Bardella, le président du RN, à Blairville, petit village de brique rouge victime de la Grande Guerre, pavillons bien rangés et gazon tondu ras. Le député du RN Bruno Bilde, l’un de ses proches, fait les cent pas devant la salle des fêtes sans contenir son enthousiasme : « Christopher va faire un carton ! Il a réussi à attirer une quinzaine de maires. Je pense qu’il peut faire 500 voix. » Quinze maires venus de l’ensemble du Pas-de-Calais, ce n’est pas énorme, sur 890 communes.

Pour le RN, c’est déjà beaucoup. Les maires n’aiment guère être associés à un parti politique, encore moins se montrer à un événement organisé par l’extrême droite : les gens causent et, bien vite, le président de l’intercommunalité est au courant et peut vous mettre au ban. Même dans ce département où un tiers des inscrits a voté Marine Le Pen dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2022, « il reste un interdit », constate le sénateur Jean-Marie Vanlerenberghe (MoDem), candidat à sa réélection. Il a vu l’une de ses réunions tourner vinaigre après qu’un maire a assumé, lors du verre de l’amitié, avoir voté RN. « Mais un chemin s’est ouvert, poursuit-il. Vous ne pouvez pas avoir six députés RN dans le monde rural sans que certains maires se laissent tenter. Le discours “on ne les a jamais essayés” revient parfois. »

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