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« La réduction des marges de manœuvre économique de la Chine est tout sauf anodine »

Les signaux d’un ralentissement de l’activité économique se succèdent en Chine et génèrent un sentiment de défiance accru sur les marchés financiers depuis août. Le repli du secteur immobilier se trouve notamment au centre des préoccupations au vu des difficultés financières de Country Garden, Evergrande ou Zhongrong, acteurs géants de ce marché en Chine.

Mais se focaliser sur les répercussions à court terme de ces difficultés serait une erreur d’interprétation, et ce pour deux raisons. Tout d’abord, plusieurs indicateurs (consommation privée, production industrielle) devraient se redresser en fin d’année, grâce à des effets de rattrapage favorables liés au fait que, fin 2022, l’économie chinoise était minée par les confinements. Mais surtout, les signaux de ralentissement révèlent davantage des fragilités structurelles profondes et posent donc la question des capacités réelles des autorités à y faire face, sans compromettre leurs objectifs de croissance à moyen et long terme.

Fortement mise à contribution depuis 2018, la politique monétaire voit ses marges de manœuvre progressivement diminuer. Les baisses de taux directeurs et les injections de liquidités de la Banque populaire de Chine, la banque centrale, maintiennent difficilement à flot l’économie chinoise. Conséquence : les sources de financement des promoteurs immobiliers se replient continuellement, à l’instar des mises en chantier, jouant sur la confiance des ménages, en berne, et sur la demande de crédit bancaire, restée atone selon les enquêtes de la Banque populaire de Chine.

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Il est difficile d’imaginer que la Banque populaire de Chine puisse faire davantage pour soutenir l’activité économique. Elle fait en effet face à trois dilemmes. Premièrement, en renforçant son soutien, elle risque d’engendrer une hausse de l’endettement, qui atteint déjà le niveau stratosphérique de 247 % du PIB (hors Etat et gouvernement locaux), ce qui serait en contradiction complète avec ses objectifs de préservation de la stabilité financière.

Deuxièmement, les pressions s’accentuent autour du yuan, en proie à une baisse quasi continue de sa valeur face au dollar américain depuis le début de l’année. Cela s’explique par une conjoncture en deçà des attentes, mais surtout par le creusement du différentiel de taux d’intérêt avec les Etats-Unis, qui les augmentent contrairement à la Chine. Les placements en Chine s’avèrent donc relativement moins attractifs, impliquant des tensions sur les mouvements de capitaux. Une politique monétaire chinoise plus accommodante viendrait probablement accroître ce phénomène et augmenter la volatilité du yuan.

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