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En Europe centrale, les « travailleurs invités » doivent combler les besoins de main-d’œuvre

Le premier ministre croate Andrej Plenkovic, après un sommet de l’Union européenne et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes, à Bruxelles, le 18 juillet 2023.

Cet été, beaucoup de touristes ont été accueillis par une surprise sur la côte croate. Dans plusieurs restaurants de bord de plage, ils ont été servis par des employées venant des… Philippines. Amenées par avions entiers pour la saison d’été, ces travailleuses ont offert un service en anglais seulement, faute d’avoir eu le temps d’apprendre le croate. Seul le patron, derrière le comptoir, était encore un Croate.

Dans ce pays des Balkans en plein déclin démographique, avec seulement 3,9 millions d’habitants dénombrés lors du dernier recensement de 2021, les travailleurs étrangers sont la seule solution pour combler les besoins grandissants de l’industrie touristique locale. Selon le ministère de l’intérieur croate, début septembre, plus de cent mille permis de travail avaient déjà été accordés depuis le début de l’année à des travailleurs venant de pays hors de l’Union européenne (UE). Un chiffre record, à comparer au nombre total d’employés en Croatie, estimé à 1,7 million de personnes.

Si la moitié de ces travailleurs étrangers viennent encore des pays des Balkans voisins non membres de l’UE comme la Bosnie ou la Serbie, ceux qui viennent d’Asie sont toujours plus nombreux, Népalais, Indiens et Philippins en tête, travaillant aussi bien dans le tourisme que dans le bâtiment. « Sans travailleurs étrangers, la Croatie serait à l’arrêt », a titré le quotidien Novi list, en parlant d’une tendance « autrefois inimaginable » et en appelant le pays à « se soucier de leur intégration ».

Besoins en main-d’œuvre

Il faut en effet imaginer le chemin parcouru par un pays qui s’était plutôt habitué depuis des années à voir sa force de travail émigrer massivement en Europe de l’Ouest pour y gagner mieux sa vie. Mais, avec un taux de chômage descendu à 6,8 %, le gouvernement, dirigé par le conservateur Andrej Plenkovic, n’a pas hésité, en 2021, à ouvrir grandes les portes de l’immigration de travail en levant les quotas existants.

Le cas croate n’a rien d’isolé en Europe centrale et orientale. Depuis la fin de l’épidémie de Covid-19, la quasi-totalité des pays de la région se sont mis à faire venir des travailleurs étrangers pour combler leurs besoins dévorants en main-d’œuvre. Si l’on ajoute la forte arrivée de réfugiés ukrainiens, ces nouveaux immigrés ont même permis, en 2022, à un pays comme la Roumanie de renouer avec la croissance démographique. Après avoir perdu quatre millions d’habitants en trente ans, le pays a subitement découvert qu’il avait gagné dix mille habitants en 2022, à la surprise générale.

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