Close

En 2013, quand Giorgio Napolitano devenait le premier président de la République italienne à se succéder à lui même

Février 2013 : les élections générales (législatives et sénatoriales) ont créé une situation a priori inextricable. La gauche détient la majorité à la Chambre des députés, mais pas au Sénat. Le populiste Mouvement 5 étoiles est devenu le deuxième parti du pays. La droite est laminée. Le président du Conseil Mario Monti, qui a voulu jouer les apprentis politiciens en créant son parti, est décrédibilisé. Seul surnage de ces décombres la figure de Giorgio Napolitano mais son mandat arrive à expiration et il est entré dans la phase où il n’a plus le pouvoir de dissoudre les assemblées pour provoquer de nouvelles élections.

Les tentatives de créer un gouvernement échouent, de même que celles pour trouver un successeur au président de la République. Tous les candidats sont tour à tour éliminés sur l’autel des divisions et des rancœurs. « J’ai donné tout ce que j’avais », a expliqué M. Napolitano, qui se languit de quitter le Quirinal. Pourtant, après cinq tours de scrutins infructueux au Parlement, c’est vers lui, une fois de plus, que se tournent les élus incapables de gérer la situation qu’ils ont créée. Une délégation le supplie de rempiler pour un deuxième mandat. Il accepte.

Pour la première fois dans l’histoire de l’Italie, un président de la République se succède à lui-même. Mais il y met ses conditions : il ne fera qu’un demi-mandat et exige que les réformes (modification du mode de scrutin, fin du bicamérisme, réforme de la fiscalité et de la justice) soient conduites au plus vite. « C’est ma contribution personnelle », dit-il. La dernière. Le 20 avril, il est réélu chef de l’Etat à la majorité absolue des 1 007 grands électeurs.

Le lâche soulagement des parlementaires est palpable. Et le précédent est créé : en janvier 2022, alors que les parlementaires sont de nouveau dans une situation inextricable, incapables qu’ils sont de s’entendre sur le successeur de Sergio Mattarella, la scène se répètera, et le président, enjoint à rester en fonctions par l’ensemble des forces politiques, devra regagner ses appartements au Quirinal, quelques heures après en avoir déménagé.

« Je suis sans illusions »

Lors de son deuxième discours d’investiture, il appelle les parlementaires à se « ressaisir » et à faire preuve de « responsabilité ». « Je suis sans illusions, dit-il. Mais je mènerai ma tâche jusqu’à ce que la situation du pays et des institutions me le suggèrent, jusqu’à ce que mes forces me le permettent. »

Décembre 2014. Cette fois sa décision est prise. Il jette l’éponge. Son sacrifice a-t-il changé les choses ? On en doute à l’entendre énoncer dans ses derniers discours « la pathologie destructrice » de l’antipolitique. On en doute encore lorsqu’il raille le « carriérisme » de ses pairs, condamne « l’achat des faveurs », vilipende « l’affairisme », et regrette « la routine bureaucratique ». Même Matteo Renzi, qu’il a pourtant nommé chef du gouvernement en février 2014 pourrait se reconnaître dans une allusion aux « vendeurs d’espérances démesurées ». Amer, sûrement, désabusé, peut-être, le vieil homme prend sa retraite. Il a 90 ans.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top