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« La Chine a l’ambition de construire une nouvelle articulation entre pouvoirs publics et forces de marché »

Le retour du dirigisme économique en Chine, sous la férule de Xi Jinping, ne fait plus guère débat. Il serait en revanche trompeur d’y voir le retour à un modèle soviétique. L’ambition de Pékin de construire une nouvelle articulation entre pouvoirs publics et forces de marché espère bien bénéficier des vertus de ces dernières. Les politiques à l’endroit des PME innovantes en offrent une illustration riche d’enseignements.

Depuis environ cinq ans, ces PME sont devenues une composante essentielle des discours et des politiques de Pékin dans la poursuite de son nouvel objectif d’indépendance en matière de technologies stratégiques. A cette fin, les autorités chinoises ont bâti un imposant système pyramidal de labélisation.

Il échoit aux autorités locales de sélectionner un large éventail de petites et moyennes entreprises « innovantes » selon un cahier des charges établi par Pékin, dans lequel la capacité à se substituer aux technologies étrangères figure en bonne place, au côté de considérations commerciales. Les gouvernements provinciaux effectuent ensuite leur propre sélection, notamment à partir de cette première liste, pour identifier les « PME spécialisées », puis les autorités nationales font de même pour identifier les « petits géants ». Une fois matures, ces derniers peuvent décrocher le statut de « champion industriel ».

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Ces listes sont soumises à des revues régulières. Le nombre important de non-renouvellement plaide pour le sérieux de ces exercices. En outre, l’intérêt de chaque échelon à voir ses poulains sélectionnés au niveau supérieur offre une certaine garantie sur la qualité des sélections. Le système semble donc en mesure d’écarter les obstacles de la rigidité et des collusions, deux des faiblesses habituelles des politiques industrielles.

« Encouragements »

Une fois sélectionnées, les PME bénéficient d’une myriade d’avantages allant croissant avec le niveau du label. Les subventions traditionnelles (c’est-à-dire le transfert direct de ressources financières des pouvoirs publics) sont bien évidemment au rendez-vous. Principalement fournies par les autorités locales, donc plus difficiles à comptabiliser de manière exhaustive, elles semblent in fine relativement modestes.

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Dans la Chine de Xi, c’est l’ensemble des acteurs économiques qui est appelé à se mobiliser pour les objectifs industriels fixés par Pékin. Les centres de recherche et développement (R&D) universitaires sont priés de s’associer à ces PME pour la mise au point et la commercialisation des technologies. Les grands groupes, en particulier ceux appartenant à l’Etat, sont « encouragés » à accompagner leur développement, que ce soit en tant que fournisseur, client ou partenaire. Plus original encore, il a été ordonné aux administrations chargées de l’enregistrement des brevets et du respect de la propriété intellectuelle de traiter favorablement ces entreprises dans leurs procédures.

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