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« Déficit caché » du système des retraites : François Bayrou auditionné par le Conseil d’orientation des retraites

François Bayrou, haut-commissaire au plan, s’adresse à la presse après une réunion avec la première ministre, Elisabeth Borne, le 18 septembre 2023.

François Bayrou a exécuté les mêmes gestes qu’à l’époque où il était professeur de lycée. Auditionné, jeudi 21 septembre, par le Conseil d’orientation des retraites (COR) en sa qualité de haut-commissaire au plan, il a écrit sur un tableau. Non pas pour donner une leçon de français, comme au milieu des années 1970, mais pour livrer sa vérité sur les chiffres. Le président du MoDem considère que la population n’a pas été correctement informée sur la gravité de la situation financière de nos régimes de pension.

Au cœur de la controverse, il y a les données fournies par le COR, un cénacle dans lequel siègent des représentants des grandes administrations, des partenaires sociaux, des parlementaires et des personnalités qualifiées. Les données en question montrent que le système de retraite dégage, à l’heure actuelle, des excédents : + 900 millions d’euros en 2021 et + 4,4 milliards en 2022.

Cette présentation est trompeuse, pour M. Bayrou, car elle repose sur des artifices comptables que l’on omet trop souvent, d’après lui, de mentionner dans le débat public. Sa principale objection tient au fait que le niveau de « cotisations employeurs » pour payer les retraites des agents de l’Etat est nettement plus élevé que celui qui est pratiqué pour les salariés du privé : un peu plus de 74 % pour les fonctionnaires civils (et même 126 % pour les militaires), contre 16,5 % s’agissant des travailleurs du secteur marchand.

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Grâce à cette « surcotisation », le système de retraite de l’Etat est à l’équilibre. Un tel effort, qui déroge au droit commun, se matérialise par une « subvention » que M. Bayrou évalue à « 40 milliards d’euros par an ». Le problème, poursuit-il, c’est que nos « finances publiques sont déjà dégradées » et qu’il faut donc « emprunter » pour réunir cette somme, « ce qui concourt à alourdir la dette dans des proportions très importantes ». « C’est moralement insupportable car le fardeau va retomber sur les générations futures, alors qu’elles devront, dans le même temps, supporter les coûts liés à la transition écologique », estime-t-il.

« Un pas en avant »

Ce discours, M. Bayrou le tient depuis plusieurs mois. En décembre 2022, il l’avait exposé dans un rapport, en tant que haut-commissaire au plan. Sa thèse s’inspire de travaux effectués par Jean-Pascal Beaufret, un ancien inspecteur général des finances, qui a publié plusieurs articles dans la revue Commentaire autour de l’idée d’un « déficit caché » dans les régimes de retraite. Egalement entendu, jeudi matin, par le COR, M. Beaufret aboutit à des chiffrages encore plus massifs que M. Bayrou sur les subventions qui sont mobilisées pour équilibrer le dispositif.

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