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« Le spectre du dumping plane sur le numérique au sens large »

Les géants du numérique peuvent-ils être accusés de casser les prix pour s’imposer sur des marchés, et de pratiquer une forme de « dumping » destructeur de valeur et déloyal pour leurs concurrents ? Paradoxalement, cette idée est renforcée par les hausses de prix récemment pratiquées par de nombreux services de vidéo à la demande par abonnement : ils ont augmenté en moyenne de 25 % en un an, selon le Wall Street Journal, qui désigne cette inflation du streaming par le néologisme de « streamflation ». Disney+, YouTube Premium, Peacock (Universal), Paramount+ et Max (ex-HBO Max) ont tous relevé leurs tarifs de 1 à 2 euros, énumère Le Figaro. Idem pour les services de musique Spotify, YouTube Music ou Amazon Music. Et la tendance ne semble pas liée à la conjoncture inflationniste : l’abonnement standard de Netflix aux Etats-Unis est depuis 2014 passé de 8,99 dollars (8,40 euros) à 15,49 dollars, rappelle The Verge dans un graphique ; celui de Disney+ de 6,99 dollars à 13,99 dollars depuis 2019.

Cette remontée continue de prix initialement beaucoup plus bas pose la question de la solidité des modèles économiques à long terme, pour ces services et leur secteur. En effet, le leader Netflix semble encore tâtonner et a été contraint, en raison de résultats financiers jugés décevants par la Bourse, de s’ouvrir à la publicité et aux produits dérivés, deux activités jusqu’ici associées au « vieux monde » des chaînes de télévision gratuites et des studios.

Malgré une place de numéro un dans la musique streamée et une forte hausse de ses utilisateurs (551 millions par mois en gratuit et 220 millions en payant), Spotify reste globalement déficitaire (302 millions de dollars de pertes au second trimestre, contre 125 un an plus tôt). Peut-être qu’accéder à la totalité de la musique enregistrée dans tous les genres au cours des soixante dernières années, ainsi qu’à toutes les nouveautés, devrait valoir davantage que 10,99 dollars par mois ? D’autant que si les maisons de disques semblent désormais tirer parti du streaming, les artistes continuent de se plaindre de leurs rémunérations.

Logiques de conglomérat

Ces interrogations rappellent les critiques formulées de longue date envers les nouveaux entrants par certains acteurs traditionnels de l’audiovisuel, comme Canal+. La chaîne payante de fiction et de sport s’est longtemps plainte, notamment dans le football, de la concurrence d’entités déficitaires, comme la chaîne qatarie BeIN Sports ou les opérateurs télécoms Orange ou Altice. Aujourd’hui, l’incursion dans le sport de géants du numérique – Amazon, Apple, Google… – n’a pas éteint les questions sur la pérennité du modèle.

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