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La vente à perte de carburant, « un calcul à somme nulle pour le consommateur », selon l’UFC-Que choisir

La pratique de la vente à perte, interdite depuis plusieurs décennies, ne convainc pas l’association de consommateurs UFC-Que choisir.

Le gouvernement a une nouvelle fois appelé, mercredi 20 septembre, les distributeurs de carburant à « participer » à l’« effort collectif », après l’annonce de plusieurs enseignes refusant de vendre leur essence à perte, pratique aujourd’hui interdite que l’exécutif entend légaliser temporairement pour répondre à la flambée des prix à la pompe. « Chacun doit et peut faire un effort », a défendu, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, après le conseil des ministres, malgré les réticences clairement exprimées.

La mesure prévoit de compenser les pertes des stations-service indépendantes, et le gouvernement a laissé entendre qu’il misait sur une baisse de l’ordre de 47 centimes d’euro au litre, estimation rapidement apparue comme très exagérée, notamment par les distributeurs.

La pratique de la vente à perte – interdite depuis plusieurs décennies pour éviter que les prix cassés ne menacent les acteurs les plus fragiles d’un secteur – ne convainc pas non plus l’association de consommateurs UFC-Que choisir. Dans un entretien au Monde, Antoine Autier, son responsable du département des études, explique pourquoi, selon lui, cette « fausse bonne idée » aura des effets limités sur le pouvoir d’achat.

Le gouvernement a décidé de maintenir sa proposition d’autoriser la vente à perte de carburant. Si la mesure est adoptée et que les distributeurs le décident finalement, quels effets cela pourrait avoir sur le pouvoir d’achat des consommateurs ?

Il est possible que ce soit un calcul à somme nulle pour le consommateur. Le gouvernement ne regarde pas ce qu’il se passe dans les rayons. Si les distributeurs acceptent finalement de vendre le carburant à prix cassé, on peut anticiper qu’ils rattraperont les pertes en augmentant le prix des autres produits vendus, puisque, naturellement, ils visent le profit. Le carburant est déjà un produit d’appel [stratégie marketing consistant à rendre le prix d’un produit particulièrement attractif dans le but de séduire des clients et leur vendre d’autres produits] pour les grandes surfaces.

En revanche, cela peut permettre aux enseignes de grande distribution de faire des marges sur leurs propres produits en faisant de la communication sur des « paniers inflation » avec des denrées de la marque distributeur.

Cela ne profiterait donc à aucun consommateur ?

Il peut y avoir des gagnants et des perdants. Une personne seule qui roule beaucoup et qui n’a qu’un petit panier de courses hebdomadaire peut y trouver son compte, tandis qu’une famille nombreuse qui se déplace peu en voiture, mais remplit au moins un caddie chaque semaine, souffrira de la hausse des prix.

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