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Inondations à Derna, en Libye : plus de 43 000 personnes déplacées

Un membre de la protection civile algérienne fouille les décombres à l'aide d'un chien, à Derna, en Libye, le 19 septembre 2023.

Plus de 43 000 personnes ont été déplacées à la suite des inondations meurtrières qui ont dévasté l’est de la Libye, notamment la ville de Derna, a annoncé jeudi 21 septembre l’Organisation internationale des migrations (OIM), l’agence des migrations des Nations unies (ONU).

L’OIM a décompté que « 43 059 personnes ont été déplacées par les inondations dans le nord-est de la Libye », dans son dernier rapport sur la situation dans l’est de la Libye après le passage dévastateur de la tempête Daniel dans la nuit du 10 au 11 septembre.

Selon le dernier bilan officiel provisoire communiqué mardi soir par le ministre de la santé de l’Est, Othman Abdeljalil, les inondations ont fait 3 351 morts. L’agence onusienne avait fait état de 3 922 morts. Quant aux données disponibles sur les disparus, elles restent approximatives. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge fait état, de son côté, d’un nombre « énorme » de morts et de 10 000 disparus.

Des corps repérés

A Derna, des secouristes s’activent toujours pour retrouver les corps des disparus, en particulier en mer, des quartiers entiers ayant été emportés par les flots.

Le gouvernement basé à Tripoli a annoncé jeudi 21 septembre que les services de sécurité ont repéré des corps sur une zone s’étendant sur une centaine de kilomètres entre Derna et à El-Beïda, plus à l’ouest. Une carte des emplacements des corps, a été remise aux services de secours pour pouvoir les récupérer, selon la même source.

Une équipe de la police d’Abou Dhabi, spécialiste dans l’identification des victimes de catastrophes, est arrivée jeudi dans l’est du pays. Celle-ci comprend notamment des experts et spécialistes dans la médecine légiste, l’ADN et les empreintes, a déclaré son chef, Issa Ahmad al-Awadhi, à des journalistes.

Selon l’OIM, « le manque d’approvisionnement en eau aurait poussé de nombreuses personnes déplacées à quitter Derna pour se rendre dans d’autres villes de l’Est et de l’Ouest ».

Les autorités libyennes avaient demandé à la population de la ville de ne plus utiliser l’eau du réseau de distribution local, contaminée, selon elles, par les flots des inondations.

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L’ONU avait annoncé en début de semaine que ses agences, notamment l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’efforçaient de « prévenir la propagation de maladies et d’éviter une deuxième crise dévastatrice dans la région », alertant sur un risque provenant de « l’eau contaminée et du manque d’hygiène ».

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Besoins en eau, en nourriture et en soutien psychosocial

Les besoins urgents des personnes déplacées portent sur « la nourriture, l’eau potable, la santé mentale et le soutien psychosocial », a ajouté l’OIM.

Par ailleurs, les réseaux de télécommunications ont été rétablis dans la nuit de mercredi à jeudi à Derna après une coupure de vingt-quatre heures, ont annoncé les autorités libyennes. Les liaisons avaient été coupées mardi et des journalistes avaient été priés de quitter la ville sinistrée au lendemain d’une manifestation d’habitants de Derna réclamant des comptes aux autorités de l’est du pays, responsables, selon eux, de la catastrophe.

Les autorités ont évoqué une « rupture des fibres optiques », mais, selon des analystes et des internautes, il s’agissait d’une coupure délibérée destinée à imposer un black-out après une large couverture médiatique de la manifestation de la veille. Le premier ministre du gouvernement reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, Abdel Hamid Dbeibah, a annoncé de son côté sur son compte X (anciennement Twitter) le retour des télécommunications dans la ville, précisant que des techniciens avaient réussi à rétablir une nouvelle liaison par fibres optiques.

Rongée par les divisions depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux administrations rivales : l’une à Tripoli (Ouest), dirigée par M. Dbeibah, l’autre dans l’Est, incarné par le Parlement et affilié au camp du puissant maréchal Khalifa Haftar.

Le chaos dans ce pays a relégué au second plan l’entretien d’infrastructures vitales comme les barrages de Derna, qui présentaient dès 1998 des fissures jamais réparées.

Le procureur général libyen, Al-Seddik al-Sour, chargé de l’enquête sur le drame, a promis des « résultats rapides », dans une interview mercredi soir à la télévision libyenne Libya al-Ahrar. Il a ajouté que des coupables présumés de corruption ou de négligence en lien avec ce désastre avaient « déjà été identifiés », sans dévoiler de noms.

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Le Monde avec AFP


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